25.4.15. La journée a été si intense qu’elle paraît difficile à
raconter en synthèse. Cadix le matin (juste une étape sur une route plus
longue) et Séville l’après-midi.
La route de la côte passe par Tarifa, le point le plus sud de
l’Europe, puis au loin le Cap Trafalgar et Cadix. Mais à Cadix, les muses qui ont su inspirer Delacroix et Chateaubriand, chacun dans leurs styles, n'étaient pas au rendez-vous de ma plume et de mes pinceaux, passons donc.
A peu de temps de route se dresse Séville où nous pouvons remettre en œuvre notre technique de visite : marcher
le nez en l’air à la recherche d’un monument pour se laisser conquérir. A
Séville, la chasse est simple et l’envoûtement rapide tant il y a à voir.
Ainsi dès la sortie du parking, l’étonnant Hôtel Alfonse XIII
nous accueille, extraordinaire bâtiment qui étale son air chic tiré d’un autre
temps le long d’une place ombragée, le Jardines Del Cristina.
A quelques pas s’élève la cathédrale dont les mélanges de style
sont plus que surprenants, entre dentelle de pierre et château de sable. En grimpant sur le toit d'un immeuble, sur la terrasse d'un bar lounge, la vue sur le sommet de la cathédrale est époustouflante. Ici il faut tenir compte de l’influence Mauresque pour comprendre
l’architecture. Ainsi à main droite se dresse l’une des portes du jardin de
l’Alcazar mais l’heure tardive et la queue pour entrer nous dissuade de tenter
la visite.
Par plaisanterie, l’idée m’est venue de me coller au pied du campanile de la cathédrale, la Giralda pour regarder vers le haut ; le clocher semble tomber à la renverse par un jeu de perspectives inversées qui me laisse l’impression de tomber moi. Clocher qui n'est autre que l'ancien minaret de la mosquée qui s'élevait à l'emplacement de la cathédrale.
Déambulation dans les ruelles, peuplées de femmes vêtues de robes
de Flamenco, ou parcourues par des calèches ou des « cabaleros » en
costume. Dans les calèches, il y a la version haut de gamme à quatre chevaux et
conducteurs en queue de pie et haut de forme, et le modèle populaire à un seul
cheval dont le chauffeur ressemble à un taxi parisien – c’est là l’effet de la
casquette qu’ils portent, mais j’avais remarqué le même effet avec cet accessoire
à Bruges.
Orientés par un rabatteur de rue nous avons pu assister à un
spectacle de flamenco, ce qui pour moi est une première. Tout m’impressionne,
la voix du chanteur dont je ne comprends pas un traitre mot mais
qu’importe ; les expressions de visage qui alternent entre joie,
tristesse, colère, fierté ; la résistance des mains capables de battre
avec une telle sonorité, un rythme de plus en plus endiablé ; les danses
dont la chorégraphie semble imaginées sur l’instant ; le battement des
pieds tenus dans des chaussures qui paraissent tout sauf confortables telles
des sabots de cuir qui ne sont pas sans rappeler le sabot orthopédique de
Talleyrand. Impossible de décrire ces danses élégantes et folles à la fois,
tournoyantes et lancinantes, parfois si sonores que la guitare en devient
inaudible, ponctuées des cris d’admiration ou d’encouragement de ceux qui au
fond de la scène ne dansent pas mais ponctuent des pieds et des mains.
Nous voici ensuite orientés vers la feria de printemps, qui
nécessite de traverser la ville à pied pour se rendre dans le quartier créé de
toutes pièces sur un pardo, fait de baraquements de toile abritant des salles
pour se restaurer et danser, comme une fête foraine mélangée d’Oktober Fest à
Munich. Hélas il faut être invité pour entrer et nous n’avons pu en profiter
davantage. Mais ce contexte explique toutes ces femmes en tenue de flamenco qui
parcourent les rues, et qui ne sont finalement pas là pour le folklore au
profit des touristes mais bien par attachement culturel.
Quel envoûtement ! Séville déjà s'inscrit au sommet du palmarès des étapes qui nous aurons le plus marqués, et ne sera pas détrônée d'ici la fin du voyage.
Quel envoûtement ! Séville déjà s'inscrit au sommet du palmarès des étapes qui nous aurons le plus marqués, et ne sera pas détrônée d'ici la fin du voyage.
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