vendredi 15 juillet 2016

Carnet d'un pèlerin - Montligeon 2016 - Jour 4


©Axel Pivet

Le jour se lève sur le dernier jour du pèlerinage, le seul qui ne nous verra pas marcher. Les pères vont à la fois être ensemble et avec la communauté représentée par les paroissiens et par les familles qui peuvent nous rejoindre.
C'est d'abord aux pieds de la statue de Saint Joseph que nous nous réunissons pour porter nos intentions. Saint Joseph est le saint patron des pères, tout dévoué à une tâche qu'il n'a pas demandée d'assumer mais qu'il a porté silencieux et appliqué. 

©Axel Pivet

Avant la messe du dimanche, notre chapitre peut franchir la Porte Sainte. En année Sainte, voulue par le Saint Père et consacrée à la Miséricorde, franchir une telle porte n'est pas simplement monter un escalier pour entrer dans une église. C'est toute une démarche et le pèlerinage en est une partie essentielle, le sacrement de réconciliation une autre.
Gravir ces marches, chacun à son rythme, puis franchir cette porte. Une émotion forte pour chacun d'entre nous.

©Axel Pivet

Passé ce temps fort, le chapitre profite des jardins de la basilique, temps d'échange et de débriefing, temps de remerciements. Le chapitre va bientôt repartir vers Courbevoie, ce sont les derniers moments partagés avant l'envoi. L'occasion aussi de souffler un peu dans un cadre délicieusement enchanteur.

©Axel Pivet

Vient l'envoi, le temps de la séparation que les congés d'été vont prolonger. Du pèlerinage naissent des amitiés renforcées, des convictions plus marquées pour aller de l'avant en pères de famille heureux de s'affirmer comme tel, désireux de se consacrer à leur rôle en famille et pas seulement comme chefs de famille mais comme piliers, devenir à notre tour des bâtons de marche.
Elevons notre coeur !

©Axel Pivet



mardi 12 juillet 2016

Carnet d'un pèlerin - Montligeon 2016 - Jour 3


©Axel Pivet

Le réveil est bien matinal en ce samedi matin ; pour les uns il s'agit de monter dans la forêt rejoindre un sanctuaire dédié à la Vierge, pour d'autres de profiter d'une douche chaude et pour les derniers de prolonger la douceur d'un sommeil réparateur. Le soleil accepte enfin d'être de la partie, illuminant l'ambiance maintenant plus joyeuse du petit déjeuner partagé autour du foyer du barbecue de la veille.

©Axel Pivet

Un enseignement sur les actes de miséricorde nous est délivré pour nourrir la méditation d'une marche dite de désert. Ce n'est pas tant marcher en silence qui compte mais marcher en méditant, dans une introspection sur nos propres comportements à l'égard des autres.
Le paysage, tantôt forêt, tantôt en bord d'étang se fait distraction dans cette méditation mais il offre de s'émerveiller devant les beautés de la Création. Dans une allée forestière rectiligne, le chien d'un promeneur invisible déboule subitement en remontant dans une course folle la colonne de pèlerins, espérant sans doute y retrouver son maître. Quelques sifflements stridents lui font faire demi-tour et reprenant sa course toujours aussi folle il finit par retrouver son maître dans le sous-bois. Petite interruption avant de reprendre la méditation.

©Axel Pivet

Les églises qui nous accueillent sur le chemin se font havre de paix et de fraicheur pour que le pèlerin fatigué puisse trouver un siège reposant, sous le regard bienveillant des statues polychromes. Les yeux se ferment dans un doux mélange de courte sieste et de prière fervente.

©Axel Pivet

©Axel Pivet

©Axel Pivet

Quand le déjeuner peut être partagé dans un champ, chacun en profite pour s'étendre sous les quelques rayons d'un soleil bien timide et peut importe si quelques gouttes en profitent pour tenter de faire fuir les dormeurs.
Mais déjà il faut repartir, le but est proche désormais.

©Axel Pivet

La richesse d'un tel pèlerinage est de pouvoir échanger sans fausse pudeur, en vérité, pour confier ses doutes ou ses interrogations à un frère pèlerin et se nourrir alors de son point de vue, de ses conseils.
Echanges fructueux qui aident à se préparer pour le sacrement de réconciliation qui nous est proposé en marchant. Se confesser ainsi supprime l'aspect jugement que certains peuvent craindre, prêtre et pénitent marchant côte à côte en se plaçant sous le regard du Seigneur. C'est aussi une confession rythmée par la marche, qui débute par une discussion informelle afin d'aider à discerner. La force de la confession en marchant est de ne pas être stigmatisante, le prêtre à côté se faisant lui aussi pèlerin et ouvrant à la confiance. Quelle joie de se sentir plus léger, réconcilié dans une relation renouvelée avec le Père !

©Axel Pivet

Un prochain arrêt nous propose justement de réfléchir entre nous sur la confession, les freins qui nous en éloignent, la démarche qui nous incite à y aller et ce que l'on en tire. Il ne s'agit pas de se juger es uns les autres, mais au contraire de s'entre-aider par nos expériences respectives à progresser vers ce sacrement.
L'exercice n'est pas facile, surtout quand il s'agit d'admettre des craintes qui peuvent paraitre irraisonnées, et la magie du paysage, le lieu de l'arrêt étant ici particulièrement bien choisi, aide à puiser le courage en laissant les yeux s'évader pour s'ouvrir plus encore.

©Axel Pivet

Un dernier effort, quelques derniers kilomètres, et voici le groupe en vue de la basilique de Montligeon. Dans la tradition des pèlerins d'autrefois qui se mettaient à genoux pour prier la Vierge lorsqu'enfin, au terme d'une longue marche ils apercevaient leur destination, nous partageons en chantant un Ave sous le regard étonné des vaches du champ juste au-dessus de nous.


©Axel Pivet

Le principe du pèlerinage est que chaque chapitre chemine de son côté pour converger au sanctuaire avec tous les autres groupes et partager tous ensemble une entrée commune dans la basilique pour une messe des pèlerins. Geste marquant, nous voici tous réunis sur le parvis, face aux portes fermées, chantant notre joie d'être là, d'être ensemble, quand soudain les portes s'ouvrent et derrière nous apercevons les prêtres qui nous accueillent puis précèdent notre procession, un lumignon à la main, jusqu'à l'autel.
Notre-Dame Libératrice nous couve de son regard apaisé pendant que montent nos prières, dans la joie d'être arrivés au terme de cette marche.

©Axel Pivet

Sans oublier à l'issue de cette messe ce qui fait aussi la joie fraternelle du pèlerinage, se retrouver à la terrasse du bistrot local, quel que soit la ville du sanctuaire, pour exprimer le bonheur d'être entre pères.

©Axel Pivet





lundi 11 juillet 2016

Carnet d'un Pèlerin - Montligeon 2016 - Jour 2

©Axel Pivet
Quelle est dure cette première nuit quand le pèlerin se trouve comme jeté brutalement dans un environnement qui ne lui est pas naturel ! Entre ronflements et bruits de la nature, le sommeil fuit, lâchement...
C'est au son du cor de chasse que le réveil est sonné mais c'est autour d'un petit déjeuner que l'ambiance de groupe va se créer, surtout quand apparaissent, que notre hôte en soit remercié, de délicieuses brioches.
Reste à transformer des pères de famille qui pour certains ne se connaissent pas encore en pèlerins. Consignes et présentation de l'état d'esprit proposé, un pèlerinage n'est pas une épreuve sportive ni une performance entre amis, mais bien une démarche spirituelle dans laquelle l'effort physique contribue à l'ouverture aux autres et à la méditation.

©Axel Pivet
Après une prière commune l'envoi nous est donné, débutant la marche par un temps en silence afin d'entrer dans le pèlerinage à la fois sans se précipiter pour ménager le corps et en se concentrant sur la dimension spirituelle des jours à venir. Se laisser envahir par la beauté du paysage, méditer au rythme des pas sur le chemin, se laisser guider sans chercher à deviner la direction à suivre, abandonner progressivement la couche superficielle de l'homme du 21ème siècle pour se faire pèlerin.
Il y a dans cette première heure de marche une illustration de ce à quoi les chrétiens sont appelés, se mettre en marche à la suite du Seigneur en se laissant guider par sa Parole.
Une marche dans un nuage, au sens propre comme au sens figuré, la bruine devenant pluie avant de s'effacer pour mieux revenir. Mais marcher sous la pluie n'est pas un obstacle tant que lors des pauses il est possible de rester au sec.

©Axel Pivet

La première église qui abrite notre groupe méritait bien d'attendre que la tenante des clés vienne nous ouvrir. Entièrement décorée et peinte, l'église de Saint Germain étonne d'une telle beauté, préservée presque anonyme en pleine campagne. Un cadre idéal pour méditer en écoutant un premier topo sur la Miséricorde, qui nous donne à réfléchir pendant les jours à venir.

©Axel Pivet

Marcher encore avant de pouvoir partager le pain d'un repas sur le bord de la route, profiter d'une vue dégagée et paisible qui incite à la sieste.
Quand déjà il faut repartir, c'est le coeur plus joyeux car la marche permet des échanges qui ouvrent à la fraternité. Ce ne sont pas tant les kilomètres qui s'accumulent que les confidences, le carcan des bienséances qui empêche en temps ordinaire un homme de se confier se dissout dans la longueur du chemin parcouru. Entre frères on se dit ce qu'autrement on aurait conservé enfoui.

©Axel Pivet

©Axel Pivet

Et pour davantage encore faire connaissance, un temps de partage dans un sous-bois, à l'orée d'une forêt, consacré au pardon dans la famille offre une belle occasion d'échanges.

©Axel Pivet

Emergeant de la forêt la route rectiligne laisse apparaitre petit à petit les bâtiments de l'abbaye de la Grande Trappe. "Venez et voyez, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" indique un panneau à l'entrée du bâtiment d'accueil des pèlerins, la beauté paisible du paysage environnant illustre bien ce verset.

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©Axel Pivet

Les moines qui nous convient à partager l'office des vêpres portent dans leur psalmodie nos intentions que fatigués par cette première journée de marche nous ne sommes plus capables de formuler.
La ferveur partagée est une entrée en matière pour vivre pleinement la dimension moins spirituelle du pèlerinage, tout aussi structurante dans un tel groupe, le temps du repas. Le bien vivre participe à la cohésion et favorise la bienveillance entre pèlerins, si importante avant la veillée.

©Axel Pivet

Réunis dans l'oratoire de l'abbaye, chacun à son tour peut s'ouvrir pour présenter ses motivations dans le pèlerinage ou les intentions qu'il porte plus particulièrement en marchant. Passant du rire aux larmes, chacun peut percevoir la diversité des sentiments qui animent les pères présents. Relativité de la vie terrestre. Une telle veillée aide à discerner l'essentiel du reste, à se concentrer sur sa famille quand elle est là plutôt que de poursuivre des chimères qu'un monde matérialiste nous offre presque en libre service.

©Axel Pivet


©Axel Pivet

Quand à la nuit tombée, sortant d'une belle messe, les voiles des tentes se referment, le sommeil qui m'enveloppe est déjà plus apaisé. La magie du pèlerinage n'attend pas pour jouer et faire son oeuvre.












dimanche 10 juillet 2016

Carnet d'un pèlerin - Montligeon 2016 - Jour 1

©Axel Pivet

Pèlerin il est l'heure, prends ton sac et ta pelisse et mets-toi en chemin, glisse tes pas à la suite des disciples sur la route d'Emmaüs pour échanger, discuter, laisser ton coeur brûler tandis que s'ouvrent ses oreilles !
En ce premier week-end de juillet, partout en France des pères de famille vont ainsi se mettre en marche en direction d'un sanctuaire, Cotignac, Vézelay, Montligeon, Sainte Anne d'Auray.
Quitter pendant trois jours femme et enfants pour pendant trois ne parler que de sa femme et de ses enfants, échanger sur les joies et les peines de père de famille, réfléchir à la place de la paternité dans nos vie, réfléchir à ce même thème "Que votre âme trouve sa joie dans la miséricorde du Seigneur !".
Tel est le Pèlerinage des pères de famille qui emmènera parmi tous les pèlerins du chapitre de Saint Maurice de Bécon vers le sanctuaire de Montligeon, dans le Perche (Normandie).

© Axel Pivet

Dans le sac du pèlerin rien de lourd ni de superflu ; en quittant son foyer il quitte son confort et se dépouille, il se confronte à l'épreuve de la marche.
Dans mon sac un carnet et une palette d'aquarelle pour raconter en images des bribes de ce pèlerinage. Des bribes uniquement car chaque croquis ne montre que ce qu'il peut, laissant de côté la bruine qui rafraîchit, la fatigue qui pèse, la foi qui anime.

©Axel Pivet

Mais un pèlerinage ce n'est pas seulement marcher vers un but pour y parvenir ; c'est aussi s'émouvoir devant la beauté de la Création, se réchauffer de fraternité, méditer dans un sanctuaire comme en pleine forêt.

Prends ton sac pèlerin et monte dans ce car pour te rapprocher des chemins qui t'appellent là-bas, entre champs et forêts du Perche.

©Axel Pivet
©Axel Pivet

©Axel Pivet

Laisse le crépuscule t'envoûter de ses couleurs et plante ta tente avant que la nuit ne t'enveloppe. Demain il te faudra marcher, élevons notre coeur !

©Axel Pivet









Dimanche à Paris




Un dimanche à Paris en juillet. Se laisser aller sans but précis ni contrainte d'heure. Profiter des charmes de la Galerie Vivienne pour un brunch, lire et dessiner.


Pour une fois apprécier la Galerie calme comme rarement, sans le passage fourmillant des jours en semaine.


Cuire un peu au soleil qui réchauffe les jardins du Palais Royal, hypnotisé par l'alignement magistral des façades.


Un dimanche à Paris, moment idéal pour ne rien faire si ce n'est d'en profiter.