1.5.5. Le genre de nuit à vous faire fuir d’un hôtel.
L’insonorisation étant d’un autre âge pour ne pas dire qu’elle est inexistante,
le moindre client qui circule dans le couloir ou parle à voix haute dans sa
chambre peut être entendu par les autres chambres. Lorsqu’il s’agit d’un groupe
scolaire entier qui s’agite dans le couloir la nuit vire à l’enfer jusqu’à
faire intervenir les grooms.
Pour une dernière nuit en Espagne, celle-ci donne envie de faire sauter tous
les verrous de tolérance que nous nous sommes imposés pour ce voyage jusqu’à se
laisser aller à quelques critiques, y compris sur la qualité des produits
servis lors du petit déjeuner. La règle en voyage est pourtant de se contenter
de ce qui nous est proposé, de manger quand on peut et non quand on veut, force
est d’admettre que face à l’adversité nocturne certaines vérités finissent par
être bonnes à dire.
J’ai trouvé globalement le pain fade mais peut-être est-ce dû à
la salaison des produits consommés avec. Un Français mange volontiers du pain
nature, ce qui impose qu’il soit légèrement salé. Mais consommé avec une purée
de tomate à l’huile d’olive et aillé, un pain salé pourrait être immangeable.
Les croissants au chocolat sont une expérience dont a posteriori
je me serais volontiers passé. En revanche, le cafe con leche est délicieux,
juste bien dosé comme il faut et agréablement consistant.
Fin de route. La frontière passée nous laisse comme orphelins,
les réflexes franco-français doivent revenir, à nouveau faire face aux
pratiques routières peu louables, éviter de parler Espagnol – à tout le moins
de tenter de le parler – dans les magasins. D’un certain côté il y a l’aspect
rassurant du retour au pays, de l’autre la mélancolie propre à la fin d’un beau
voyage. Nous rentrons riches de ce que nous avons pu découvrir, des rencontres
fussent-elles de simple passage, des paysages et des monuments, des ambiances
et des odeurs, des goûts et des saveurs. Que d’images nouvelles gravées dans
les lieux ou sur pellicule, en aquarelles. Nous ne rapportons ni livre ni
souvenir, ce que nous avons engrangé permettant d’en constituer à
suffire !
Le voyage peut maintenant se prolonger, bien sûr en revoyant les
photos mais aussi en étudiant à partir des villes visitées, sur leur histoire,
la description des monuments. Ce qui ainsi nous permet de découvrir qu’en
entrant dans la cathédrale de Séville, la plus vaste d’Europe par son volume
intérieur et non par ses proportions (St Pierre n’entre pas dans le classement,
n’étant pas une cathédrale et restant totalement hors normes), nous en avons
visité la partie gauche, le centre étant occupé pour la messe, tandis qu’à
droite où nous ne sommes pas allés se tenait le tombeau de Christophe Colomb.
C’est magnifique de côtoyer ainsi l’Histoire et si les pierres pouvaient parler
il serait doux de les écouter. Se dire tout ce que ce monument a pu vivre comme
événement, en être le cadre ou le décor.
2.5.15. A l’endroit même où j’écrivais il y a quinze jours que la
route du sud était lancée, j’en suis à écrire que la route du retour est
désormais entamée. Quitter la douceur du sud pour repartir vers ce qui nous est
annoncé comme la grisaille parisienne. C'est la fin du voyage d'Espagne, commence maintenant la souvenance du voyage, celle qui va nous porter longuement et qui m'a donné le plaisir d'écrire et de décrire, par des mots et des images, un pays sur lequel j'ai désormais un regard neuf.
Fin du voyage.
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