mardi 31 décembre 2019

Dernière œuvre de 2019

@Axel Pivet - 2019
Sur une carte marine imprimée en 1903, représentant les courants des côtes de France en Atlantique à la pleine mer, heure de Brest, voici une chaloupe toutes voiles dehors. 
Pour une fois il s’agit d’un travail à la gouache, tout simplement car le vernis de la carte a des caractéristiques hydrofuges qui ne permettent aux pigments d’aquarelle de tenir. Au contraire, la gouache par ses qualités opaques tient sur un tel support. 
L’œuvre mesure 53 cm de haut sur 37 de large. 

dimanche 29 décembre 2019

Chaloupe en mer d’Iroise

@Axel Pivet - chaloupe en mer d’Iroise
Chaloupe en mer d’Iroise est une aquarelle réalisée en décembre 2019 sur une chute de carte marine originale imprimée dans les années 1930 (la date exacte figure sur une autre partie de la carte, déjà utilisée par ailleurs ce qui ne permet pas d’être précis). 
Sur la carte est visible l’île de Molène, au large du Finistère. 

mardi 10 décembre 2019

Des marque-pages personnalisés à l'aquarelle

"la puissance évocatrice du livre" ©Axel Pivet

Pour un livre, on peut corner une page, glisser un vieux bout de papier, prendre un marque-page publicitaire chez son libraire, utiliser un crayon, ou encore réaliser soi-même son marque-page.

©Axel Pivet

Un livre est une puissance évocatrice, le souffle d’une histoire ou la puissance d’un enseignement. C’est un coeur qui bat qu’il serait navrant de ne pas accompagner à sa juste valeur.

©Axel Pivet

Un marque-page ce ne sont que quelques centimètres de papier qui reposent la mémoire, rôle insignifiant si ce papier n’apporte rien en soi.
Il peut aussi être une fenêtre d’évasion, illustration du sujet qui, posé sur la table près du livre, entraine l’oeil pendant que l’esprit est porté par les mots.

Concarneau, pour "les enquêtes du Commissaire Dupin" de J-L. Bannalec ©Axel Pivet

J’aime réaliser un marque-page pour chaque nouveau livre, soit selon le titre, soit selon les indications du résumé de quatrième de couverture. L’aquarelle sera en lien avec le thème ou avec l’inspiration provoqué par le titre du livre. Le tout est de se dégager de l’impression de la couverture pour ne pas plagier ni surabonder.

L’illustration qui en résulte contribue à l’ambiance du livre, qu’elle interprète à sa façon. C’est en quelque sorte un ex libris mobile et changeant à chaque ouvrage, mais qui révèle non pas tant la personnalité de son propriétaire que ma perception du livre.

©Axel Pivet

La couverture illustrée d’un livre a pour vocation première de guider le lecteur dans son choix d’acheter, puis de le placer dans un contexte.
Une fois le livre ouvert, la couverture ne se voit plus ; c’est là que le marque-page, posé à proximité, prolonge cette fonction comme une didascalie visuelle. Les mots sont images au travers de l’aquarelle.

©Axel Pivet

©Axel Pivet

Certains diront qu’un auteur de qualité crée l’ambiance et retranscrit l’image dans ses mots sans qu’il ne soit nécessaire d’ajouter à ses descriptions une illustration ; d’autres penseront que l’illustration avilie le lecteur qui se doit de reconstituer dans ses yeux ce que les mots lui disent. A ceci je répondrai que quelle que soit la qualité de l’auteur, quelles que soient mes facultés à visualiser ce que me dit le livre, la peinture enrichit le texte sans rien ne lui enlever de sa valeur. N’en était-il pas ainsi des enluminures médiévales ?

Sous voiles au crépuscule, pour "L'or du Soir" de Loïc Finaz ©Axel Pivet

Le TCD Sirocco, pour "Education Tropicale" de Thibault Lefeuvre ©Axel Pivet

Pen Duck II, pour "la Longue Route" de Moitessier -©Axel Pivet

Quoi qu’il en soit, au-delà de toute fonction pratique, la création d’un marque-page individualisé reste un plaisir distinct : faire surgir les émotions, créer le visuel, faire sortir sous la trace du pinceau une ambiance. En un mot la joie de la création artistique.

©Axel Pivet

mercredi 27 novembre 2019

Comme une madeleine de Proust

L'eau scintille sous un soleil d'octobre qui joue les prolongations de l'été, me replaçant ainsi en situation. Les pins sont là que la chaleur aide à vibrer, leur résine émet une odeur suave. Le sentier est sorti d'entre des immeubles anciens et rejoint la mer, du haut d'une petite falaise.
Soudain après un contournement la vue se dévoile et ce voile se déchire sur la mémoire subitement rafraichie.

Toulon - plage de la Mitre ©Axel Pivet

Ma madeleine ce jour-là est un rocher en forme de mitre d'évêque, une madeleine trempée dans le bleu de la Méditerranée. Des cris d'enfants ressortent instantanément parmi lesquels ceux de l'enfant que j'étais, qui a appris ici même à nager. Au pied de l'escalier toujours escarpé il n'y a plus le matelot d'accueil, qui pointait que les familles descendant ici étaient bien inscrites sur sa liste. Chacun ensuite se posait sur le sable à "son" emplacement et personne n'aurait songé un instant s'installer ailleurs. Le respect de la hiérarchie dans la Marine nationale, alors propriétaire du site, s'impose même en vacances.


Nous sommes à Toulon, où je ne suis pas revenu depuis 24 ans. Aujourd'hui j'ai voulu montrer à mes filles cette plage où enfants nous allions en famille, aujourd'hui rendue accessible au grand public. Des souvenirs remontent à la surface pour leur raconter leur papa leur âge. L'émotion se partage, celle des souvenirs n'est pas forcément communicative.


Toulon, sur le port. ©Axel Pivet

Toulon, centre-ville. Des noms me reviennent, des images aussi. Le port n'a pas changé, son grand quai d'où l'on aperçoit les navires de la Marine, la plaisance, au loin la zone d'où nous allions assister au feu d'artifice du 14 juillet. Au milieu du quai, la statue dite de "Cuverville" montre toujours ses fesses aux rues en pointant la mer du doigt.

Notre-Dame de Pépiole à Six-Fours les Plages ©Axel Pivet

Poursuivant le pèlerinage, la route serpente un peu dans des rues d'une zone artisanale. Je recherche cette vieille chapelle qui dans mon souvenir était perdue en pleine nature. Devant la complexité du trajet, j'en suis à me demander comment, dans les années 90, on pouvait y arriver alors que les GPS n'existaient pas...
Après quelques maisons, quelques champs, un rideau d'arbres masque subitement la ville et nous faisons un saut hors du temps. Nous quittons notre siècle pour atterrir au VIème siècle face à la Pépiole, petit nom pour désigner Notre-Dame de Pépiole, probablement l'édifice religieux le plus ancien de France qui soit encore debout. Fortement remanié aux cours des siècles, restaurée avec foi et courage dans les années 60 par un moine solitaire qui a su attirer autours de lui une communauté de fidèles dévoués. 


Notre-Dame de Pépiole à Six-Fours les Plages ©Axel Pivet
En juillet nous allions là à la messe. J'entends encore les chants que quelques religieuses animaient dans cette chapelle romane à l'espace intérieur si restreint. Il est vrai que les murs ont une telle épaisseur que dedans on se croirait dans le creux d'une main, cocon idéal pour se recueillir.


Golfe de Saint Tropez ©Axel Pivet
Plus à l'Est, Saint Tropez est une étape familiale sans rapport avec mes souvenirs personnels mais en lien direct avec l'iconographie partagée avec nos enfants : "douyou-douyou Saint Tropez" pourrons-nous chanter en essayant de retrouver une certaine gendarmerie et en déambulant dans les vieilles rues, inondées d'une foule aimantée par la grande braderie commerciale. 

Saint Tropez, les plages ©Axel Pivet

Le plaisir de traquer le passé dépasse les générations. Il y a 95 ans, mon arrière-grand mère, aquarelliste de grand talent, est venue à Léoube pour y peindre depuis le balcon d'une propriété face à la mer. Autrefois nous allions à Léoube, véritable luxe car son accès était payant.
Aujourd'hui Léoube a été repris en main et le domaine n'est plus accessible, sauf par une plage (toujours payante) plus à l'ouest.
Le sentier du littoral nous guide vers l'anse qu'une vendeuse du domaine nous a obligeamment indiquée. Elle n'en est pas sûre mais pour elle l'îlotier sur l'aquarelle dont je lui montre la photo doit correspondre.
Et me voici, 95 ans plus tard, assis juste en dessous de l'endroit même où mon aïlleule a posé sa palette. Mon travail ne saurait se comparer au sien tellement plus abouti mais qu'importe ; je suis là, face au même paysage, poursuivant au travers du temps cette pratique dans laquelle elle m'a sans doute inspiré, même si je ne l'ai jamais connue de son vivant.

Anse de Léoube ©Axel Pivet
Quand le terrain de l'émotion des souvenirs est défriché, il est possible de parcourir les lieux avec un oeil neuf, pour s'émerveiller simplement d'un paysage scintillant sous la lumière du sud. Ici les couleurs dansent dans le vent qui fait chanter les feuilles et briller les vagues.

Cap Nègre ©Axel Pivet

Cap Nègre ©Axel Pivet
La mer se joue des criques et chaque détour du chemin offre une nouvelle vision. A croire que l'oeil ici ne peut pas prendre de repos tant il a à découvrir !
La côte provençale est un coffret de surprises que l'on goûte  avec délice, étonnement renouvelé pour qui ne connait pas la région.

Cap Nègre ©Axel Pivet
Mais dans les terres aussi la Provence joue une partition d'harmonie dans les sons comme les couleurs. Sous les frondaisons des arbres, ce ne sont que bruissements délicats plongeant le promeneur dans une ambiance d'ailleurs. Des flux de parfums s'agitent pour combler tous les sens et compléter la fête.

Collobrières ©Axel Pivet
Le Lavandou, plage de Cavalière ©Axel Pivet

Déjà le soir tombe, des couleurs douceur pastel envahissent le ciel. Le crépuscule nous englobe et la nostalgie vient me prendre dans ses bras. Le temps d'observer le flamboyant combat du soleil et de la mer, du jour et des ténèbres, qu'il faut maintenant rentrer et préparer les valises. Le thé des souvenirs était bien bon à boire, la madeleine de Proust bien savoureuse.

Le Lavandou, plage de Cavalière ©Axel Pivet

mardi 9 juillet 2019

Consécration de l'autel de l'église Saint Maurice de Bécon


©Axel Pivet - Bénédiction de l'autel
Le dimanche 23 juin 2019 a eu lieu une célébration exceptionnelle, qui n'arrive pas souvent dans la vie d'une église : la consécration de son autel.
Voici le reportage en croquis réalisés sur place depuis la tribune de l'orgue.

Montage réalisé par le diocèse de Nanterre pour annoncer l'évènement
Depuis les grands travaux qui ont suivi le concile Vatican 2, au cours desquels le maitre autel situé contre le mur a été retiré pour être remplacé par un autel plus moderne, en bois, placé au centre du choeur, cette consécration n'avait pas été faite.
Or des travaux de rénovation de l'église dans son ensemble et du choeur en particulier, qui avait bien besoin d'un sérieux rafraichissement après toutes ces années, ont été entrepris à partir de 2017 qui se sont achevés début 2019.
L'occasion de se pencher sur les archives et de constater que l'autel n'avait pas été consacré, d'autant qu'il ne contient aucune relique.
Le fondateur de la paroisse, l'abbé Oudin qui repose au pied du choeur, s'est-il fait enterrer avec la clé du coffre fort dans lequel seraient emprisonnées des reliques ? Nul ne le sait aussi, par l'intermédiaire de l'évêque de Nanterre, une requête a été adressée à la vénérable abbaye Saint Maurice d'Agaune, en Suisse, lieu du martyr de Saint Maurice et de ses compagnons de la légion thébaine, tués pour avoir refusé de sacrifier à des idoles.


Après quelques ajustements de l'autel nécessaires pour qu'il puisse répondre aux critères liturgiques (notamment : une pierre insérée pour y contenir deux caveaux pour les reliques et une plaque de métal recouvrant le dessus de l'autel), une grand messe pouvait être célébrée par l'évêque de Nanterre Monseigneur Mathieu Rougé, selon un rite très codifié.
Perché à la tribune de l'orgue, un magnifique Cavaillé-Coll lui aussi restauré (et qui a fait lui aussi l'objet d'une messe de consécration particulièrement émouvante et pleine de symbolisme en son temps), je m'installe avec chevalet, bloc de feuilles et ma palette pour croquer, tel un reporter à l'ancienne, les grandes phases de cette messe.

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - temps d'accueil

L'ordre est le suivant : la procession entre dans l'église sans saluer l'autel qui n'est pas recouvert d'une nappe blanche ; après un mot d'accueil, l'évêque parcourt l'église et asperge l'église dans son ensemble et l'assemblée par la même occasion ; l'ambon (pupitre de lecture) est béni à son tour ; homélie ; prière de bénédiction de l'autel ; litanie des saints que l'évêque et le curé le Père Lorenc vivent à genoux devant l'autel ; déposition des reliques ; onction de l'autel avec du Saint Chrème que l'évêque, revêtu de manchons et d'un tablier (grémial), va étaler sur toute la surface de l'autel ; encensement, illumination de l'autel (les bougies y sont allumées à partir du cierge pascal).
Puis la liturgie eucharistique peut commencer, sur un autel nouvellement consacré, revêtu à nouveau des ornements de la messe (la nappe blanche et la croix d'autel).
©Axel Pivet - Consécration de l'autel - bénédiction de l'assemblée

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - lectures et homélie
Depuis la tribune, le temps passe sans s'en rendre compte, à croquer frénétiquement, à jeter quelques touches de couleur pour marquer la mémoire.
Tout change à chaque instant, l'évêque n'est pas revêtu des mêmes ornements selon telle ou telle phase (avec ou sans la mitre, avec ou sans la crosse, avec ou sans la chasuble, sans la chasuble mais avec la mitre, etc...). Chaque geste a sa signification propre, chaque symbole a un sens. Rien ici n'est folklore ou exagération plus ou moins intégriste. Non, l'église est la maison de Dieu, l'autel est la table où le profond Mystère du pain transformé en Présence Réelle est renouvelé chaque jour.
Cette messe de consécration est alors un point d'orgue (et sûrement pas le point final) de cette grande phase de travaux initiée par le précédent curé le Père Mevel et achevé par son successeur, démonstration de la continuité de l'Eglise et du dynamisme d'une communauté paroissiale.
©Axel Pivet - Consécration de l'autel - litanie des saints

©Axel Pivet - Bénédiction de l'autel

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - déposition des reliques

Vue d'en haut, cette messe avait une dimension surprenante quand je suis plus habitué à les vivre au coeur de l'assemblée. La vue dominante et large m'a permis de rendre au mieux de mes capacités l'ambiance particulière ; il faut à chaque croquis faire vite.

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - onction au Saint chrème

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - illumination de l'autel

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - liturgie

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - liturgie

Moment fort encore quand je dois rejoindre la procession des offrandes et derrière les porteurs du calice et des hosties, porter jusqu'à mon évêque une aquarelle de Marie que j'ai réalisée spécialement pour l'occasion et qui, sur proposition spéciale de mon curé, est offerte à Mgr Rougé. Il est en effet de tradition, quand l'évêque se rend dans une paroisse pour une célébration "officielle", de lui offrir un présent. Mon aquarelle va finir la messe dans le choeur, avant de partir vers l'évêché situé à Nanterre...

©Axel Pivet - la Vierge Marie, aquarelle 

A droite dans le choeur, mon aquarelle en belle place

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - l'organiste à l'oeuvre

©Axel Pivet - Consécration de l'autel - le choeur
Affiche réalisée par la paroisse, sur la base d'une aquarelle du choeur 
que j'ai réalisée sur place en décembre 2018

vendredi 14 juin 2019

la page Facebook du Croque Maître est active

Depuis quelques semaines, le Croque Maître est aussi sur Facebook, à l'adresse : 

©Axel Pivet - Paris au crépuscule

C'est l'occasion d'y découvrir des travaux d'aquarelle qui ne sont pas nécessairement réalisés sur carnet ou qui ne permettent pas d'en tirer un article à publier sur ce blog.
Contrairement à d'autres auteurs de qualité, j'aime en effet publier ici des travaux avec un support de texte, ce qui prend du temps, appelle l'inspiration dans l'écriture et pose même des difficultés éditoriales. 
C'est ainsi par exemple que le carnet de Guadeloupe, réalisé lors d'un séjour là-bas en octobre 2016, n'a toujours pas été publié sur ce blog en raison du décalage éditorial entre le texte rédigé au jour le jour sur place et les croquis qui ne sont pas toujours (et même rarement) l'illustration du texte.
La cohérence entre texte et dessin n'étant pas évidente, aucun article n'a à ce jour été édité. 
De même le carnet de New York publié ici ne reprend pas les textes rédigés là-bas qui sont chronologiques alors que les croquis sont publiés par articles thématiques.

©Axel Pivet - Notre Dame de Paris

D'où l'intérêt de cette page Facebook qui n'est pas un doublon non, mais un autre reflet du travail de peintre que j'aime à partager et qui, j'espère, vous apporte quelques plaisirs visuels !

Axel

©Axel Pivet

©Axel Pivet - le Mont Saint Michel

©Axel Pivet