dimanche 11 février 2018

Silhouettes



Silhouettes.
Silhouettes qu'on devine, silhouettes qu'on dessine.
Quand le crayon de l'esquisse cède le pas à l'improvisation de la pochade. Quand l'eau et les pigments tournoient dans une danse dont seuls ils connaissent les codes.


Silhouettes qu'on devine, formes incertaines qui évoquent plus qu'elles ne parlent. Silhouettes qu'on dessine, idée jetée sur le papier que l'oeil traduira presque sans erreur.

Silhouettes surgies, pas toujours assagies, jeux de lumière et de couleurs, magie de l'aquarelle.

Silhouettes devinées, pas toujours interprétées, qui d'un bref coup de pinceau prennent vie hors de la palette.



Silhouettes furtives, pas toujours très vives, qu'on se prend à suivre au détour des pages d'un carnet, sans histoire, sans récit, sans visage, sans écrit.

Silhouettes éphémères, aériennes comme une atmosphère, qui entrainent l'oeil et la main à capter un jour sur le motif une allure, un mouvement.



Silhouettes imprécises, pas toujours incisives, qui suffisent en elles-mêmes pour combler le regard, d'un seul coup d'oeil évoquer tout un monde, en liberté assumer sa légèreté.




lundi 5 février 2018

Week-end à Lorient


La Bretagne en hiver, c'est le charme du jeu de la lumière dont la gamme est si vaste sur une même journée. Diaphane au petit matin quand le ciel et la mer se parlent en écho l'une de l'autre, radieuse à midi quand le soleil triomphe des nuages et fait briller les couleurs, nébuleuse quand la brume se décide à manger le paysage comme une vaste bouche qui avancerait au rythme dolent d'un vent capricieux.


La Bretagne en hiver c'est un défi pour le dessinateur qui installé paisiblement constate subitement que son aquarelle cède aux assauts pernicieux d'un petit crachin que bien emmitouflé on n'avait pas senti venir. La lumière que l'on commence à peindre n'est jamais celle que l'on perçoit quand les dernières touches de couleur sont portées sur le carnet, l'observation se doit d'être d'autant plus intense.


La Bretagne en hiver c'est une mélodie olfactive quand le vent porte toute l'iode et les saveurs subtiles qui remontent de la plage à mi-marée. Loin de l'odeur fétide de la marée basse chauffée en plein été, c'est un spray marin naturel que l'on respire à pleins poumons dans l'émerveillement d'une vue pourtant bien connue mais toujours renouvelée.


Vous avez déjà vu ailleurs ce croquis, notamment sur d'autres pages de ce blog (ici par exemple) ? En réalité ce n'est pas cette vue à laquelle vous pensez car la mer ne sera jamais pareil, car la brume au large ne laissera pas passer la vision vers Groix dans cette même ambiance, car les Courreaux de Groix ne se laissent jamais voir de la même façon. C'est le charme de la Bretagne.


La Bretagne en hiver, c'est une vision laiteuse au loin quand les détails se montrent puis se voilent au gré de la brume qui peut rester bien calée au fond de la vallée, qui peut se lever au souffle léger du vent ou au contraire s'étaler à la surface de la mer, faire fi des efforts du soleil pour percer son banc, avaler navires et iles pour ne plus laisser de place qu'au son angoissant des cornes de brume, mugissantes au loin.



La Bretagne en hiver ce sont des paysages qui savent aussi rester doux, loin des furies habituelles des tempêtes circulant en train l'une derrière l'autre. Le froid saisissant fige parfois un bref instant une ambiance comme engourdie, propice à la méditation, à la contemplation.




La Bretagne en hiver ce sont ces coureurs des mers qui viennent se blottir au fond des ports, qui parfois enlèvent leur mâture pour la laisser se reposer au fond d'un hangar, tandis que nous rentrons nous blottir au coin d'un feu dont les flammes hypnotiques vous entraineront doucement vers un sommeil réparateur.