21.4.15. Au bout d’une route qui traverse tantôt des champs
d’orangers à perte de vue et tantôt des déserts qui ressemblent à des sierras
mexicaines, après quelques lacets s’ouvre un panorama à couper le souffle, la
Playa de Portman. Curieux ce nom anglophone pour une plage qui paraît être le
bout du monde. Au sommet d’un pic un vieux phare sur sa maison XIXème siècle
domine une baie oblongue avec un petit port presque miniature niché tout au
fond, dont l’embouchure longe une plage de sable noir. Les mines à proximité
immédiate semblent avoir contaminé toute cette baie qui paraît triste, le vent
violent ajoutant à cette impression oppressante dont nous aurons pu échapper en
nous blottissant contre une maçonnerie de la digue, juste au-dessus de l’eau.
La vue de ce mince refuge est alors toute autre, panoramique sur
des montagnes majestueuses qui évoquent pour moi ce que Gibraltar dans mon
esprit devrait être (la réalité de ce site étant finalement toute différente).
Arrivée enfin au Montemares Golf Luxury Resort (quel nom
pompeux !), un véritable villache niché à flanc de montagne dans lequel on
pénètre presque humblement en franchissant un poste de garde occupé par des
cerbères à l’allure de guérilleros auxquels il ne manque que le cigare, alors
qu’ils ne contrôlent rien, la barrière s’ouvrant dès qu’on s’en approche.
Curieuse sensation de croiser ces gardes qui semblent n’être là que pour donner
le change, éloigner les importuns ou rassurer ceux qui se pensent membres d’une
élite.
L’appartement est probablement aussi vaste que le notre à Paris, avec un grand balcon, que dis-je une terrasse recouverte d’un
claustra de bois sombre, donnant sur la piscine en contrebas et ouvrant sur une
forêt de pins qui masque partiellement le versant opposé avec la suite du
village. Un peu plus loin, à proximité d’un moulin qui paraît sans âge,
quelques maisons auraient pu être dessinées par Dali avec des cheminées qui
d’ici paraissent des œufs.
Pendant deux jours nous aurons l’impression de vivre au milieu du
luxe pour des vacances inaccessibles, comme en témoignent ces lits de piscine
en baldaquin d’où pendent des voiles laiteux ondulant au vent. Mais c’est là
l’effet de la crise qui a secoué ce pays, les sites touristiques recherchent de
la clientèle…
Voyage jusqu’au bout de l’Espagne en pensant ne croiser que des
Espagnols mais dès le premier jour des Français prennent notre suite à
table ; à Valence une famille de Français s’installe au même café ;
dans la crique de Portman où pourtant il n’y a rien si ce n’est deux pêcheurs
et trois surfeurs, des Français croisent notre chemin et arrivés à Montemares
nous partageons le parking avec des Alsaciens. Dépaysement garanti et si l’idée
nous prenait d’aller dans un bar à tapas au village, c’est pour en trouver tenu
par des Anglais et fréquentés par des golfeurs britanniques…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire