Un bateau n'est pas le lieu le plus stable qui soit, avec sa tendance à vouloir se mouvoir sur trois axes, le plus souvent d'ailleurs les trois en même temps. Dessiner en mer relève de la haute dextérité, du désastre absolu ou d'une certaine chance quand les conditions de mer sont favorables.
Quand on est simple équipier, il y a toujours quelqu'un d'autre pour veiller à la marche du bateau pendant l'exécution du dessin ; le seul soucis est la rapidité avec laquelle l'angle de vue sur le sujet s'ouvre, les perspectives se modifient, et le dessin final ressemble peu à l'original.
Dessiner en revanche en étant seul à bord présente une autre dimension : il faut porter son attention sur le croquis et sur la marche du bateau, même lorsque celui-ci est simplement mis en panne. Vent et courant se chargent de déplacer le bateau surtout là où il ne faut pas qu'il aille, si possible sur la trajectoire d'un ferry.
Par vent très calme, la mer prend des airs de lac, le bateau ne bouge presque plus et le dessin se fait plaisir. Jusqu'à ce que le bateau soit presque en collision avec une balise ou un autre qui ne regarde pas davantage devant, tout occupé à pêcher.
Peindre en mer, peindre depuis la mer. Les perspectives vues depuis le pont d'un bateau sont si différentes de celles depuis la terre, même depuis une plage.
Il faut aussi raconter les escales, parler du voyage ; le carnet croqué en mer comprend des pages depuis un ponton, depuis un port, qui évoque le plaisir de la pause à terre.
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