Voici une vue paisible que je ne peux m'empêcher de croquer à nouveau à chacun de mes séjours à Lorient : les boucles du Scorff vues depuis la colline du Roze telles qu'elles se dévoilent depuis le jardin de la maison.
Dans le champ de vision, quelques toits du hameau en contre-bas et au-delà des paluds l'ancienne poudrière puis fermant la vue le toit de la forme de construction de l'arsenal de Lorient.
Dans l'eau, les piles de bois de Pont Brûlé font surgir ce vestige d'un pont détruit par les Alliés pendant la guerre.
Au fil des ans j'ai peints ici, depuis la terrasse de la maison ou son premier étage, cette vue toujours hypnotisante et étonnante, toujours la même mais toujours changeante.
Le style de dessin évolue aussi dans les croquis réunis ici, comme la marque du temps qui passe et des saisons qui se succèdent dans les pages du carnet.
Parfois de la pluie, parfois du temps gris, souvent des soleils radieux mais jamais la même lumière : c'est cela aussi la Bretagne, la douceur d'un climat jamais violent même aux jours des pires tempêtes.
Et puis un matin au réveil, la magie d'une lumière presque diaphane, des tons allant du sombre de l'eau au clair de l'aurore qui perce la nuit, les reflets de ce mirage dans l'eau qui pousse l'obscurité petit à petit vers la berge. Une lumière si belle et qui évolue si vite qu'il n'est pas question de faire une esquisse : il faut croquer directement au pinceau ces couleurs qui vont s'atténuer trop vite. Capter l'instant pour en capturer l'éclat.
Renouveler l'exercice un autre jour, à une autre heure, simplement parce que cette vue a un je-ne-sais-quoi d'envoûtant, qu'en la voyant l'envie de la peindre me reprend sans que je ne sache bien pourquoi.
Parfois, certains détails de la vue manquent sur le croquis mais à cela deux raisons bien simples. Il arrive que ces détails (le Pont Brûlé par exemple ou l'ancienne poudrière) n'aient pas d'importance dans la beauté de l'instant que l'aquarelle cherche à traduire ; il arrive aussi que la taille du support ne permette pas d'accorder de l'espace à ces détails. Un carnet d'aquarelle au format A6 qui a la mérite de tenir dans la poche, impose un style de dessin épuré.
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