jeudi 28 avril 2016

Le Carnet Vénitien - Partie 3



21.04.2016. 
Le plaisir de s’attabler sous un parasol pour prendre un petit déjeuner en famille sur la Via Garibaldi : capucine, caffé latté, diverses pasticeria pour accompagner, un art de vivre propre pour apprécier la vue convergente vers Santa Maria de la Salute. 


L’horaire du vaporetto me laisse le temps de dessiner la vue vers le Grand Canal, mais pas d’en faire le croquis. C’est l’occasion d’essayer de peindre sans esquisse préalable pour capturer des couleurs plus qu’une vue.

Depuis Giardini Biennale, le vaporetto 4.1 fait le tour de Venise par l’Est pour relier, depuis Fondamente Nuove, l’île de Murano. Un flot de touristes déferle sur la rive du canal central pour chiner de boutiques en boutiques, admirer les créations des verriers de plus ou moins bon goût, dont il n’est même pas certain qu’ils soient tous fabriqués dans l’île. Pourtant en s’éloignant un peu, on peu rencontrer des verriers au travail sans avoir à suivre une visite et là au moins, le certificat de provenance est assuré ! La dextérité de ces maîtres, capables de tirer en quelques minutes seulement un cheval cabré à partir d’un boule incandescente, laisse sans voix.


Il faut marcher le nez au vent pour admirer l’architecture à Murano, ces immeubles moins hauts qu’à Venise, très colorés, souvent d’un rouge lie de vin très marqué, parfois avec d’admirables fenêtres d’inspiration mauresque. Sur la place San Pietro, une curieuse création de verre éclatant de bleus surprend, comme une étoile descendue sur terre.


Depuis le ponton d’un snack sous le phare du Murano, nous profitons d’une vue vers l’église de l’île de Cimetero, l’île du cimetière de Venise. Les pizzas qui nous sont servies sont d’une dimension inimaginable  : la calzone est si grande et si gonflée qu’une touriste américaine se lève pour venir la photographier, juste avant qu’elle ne se dégonfle comme un soufflé.


Un plaisir à Venise est de prendre le vaporetto à loisir, comme on prend le bus dans une autre ville. Souvent bondés, certains sont taillés pour la mer et d’autres optimisés pour accueillir un maximum de passagers sur les eaux plus calmes du Grand Canal.  
Le pilote et le matelot les manoeuvrent comme des mobylettes, parfois sans le moindre ménagement. Pour s’arrêter, le matelot accroche le dalot de la station avec son aussière, fait rapidement un noeud de cabestan et le pilote met les gaz pour plaquer le bateau au ponton. Au départ, le moteur craque violemment entre marche arrière pour desserrer le cabestan puis marche avant pour s’élancer.


Le trajet vers le Lido, la bande de terre qui ferme la lagune, donne l’impression d’une quasi croisière cheveux au vent et exposés aux embruns que soulève la vague d’étrave. C’est la destination du week-end pour les vénitiens, une ambiance qui rappelle les stations balnéaires d’Espagne, une plage comme une autre, toute en longueur avec l’infini de la mer comme vis-à-vis.


La destination est suffisamment prisée pour que le vaporetto soit plein comme un oeuf. Curieux contraste saisissant avec celui soir qui quelques temps après remonte vers San Marco, presque vide à l’heure à laquelle tout le monde dîne. Prélude d’une promenade dans une Venise presque désertée, passant de ponts en places par des ruelles étroites ici occupées par des magasins de grand luxe, à proximité des grands hôtels ayant pignon sur canal.
La nuit de nuit depuis le Ponte del Accademia sur le canal qu’éclaire la lune à peine voilée par un léger nuage diaphane, appelle à l’apaisement et à la contemplation.
Une Venise calme comme au ralenti qui brusquement s’ébroue au rythme de l’arrivée nocturne d’un avion, une noria de taxis qui reprend tandis que le vaporetto qui traverse depuis la gare routière déverse son flot d’arrivants chargés de valises.



Les façades des palàzzî ne sont pas violemment éclairées, parfois juste soulignées ce qui les rend d’autant plus élégantes, sans arrogance inutile. 

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