samedi 30 avril 2016

Le Carnet vénitien - Partie 4



22.04.2016. La foule arrivée la veille envahit les quais en direction de San Marco, autant s’en éloigner en allant sur l’île de San Giorgio Maggiore, juste en face. A tous ceux qui se précipitent au campanile de Saint Marc nous dissimulerons les atouts de celui de San Giorgio qui, outre d’être peu fréquenté, a le mérite d’offrir une vue panoramique sur Venise qui englobe San Marco.
A ceux qui comme moi souffrent du vertige, mieux vaut éviter de s’approcher trop prêt du parapet qui n’est guère protégé, quoi que haut. Mais la vue sur la ville et ses alentours est telle que ce petit effort est bien récompensé.


Une fois redescendu, en attendant le vaporetto vers la Giudecca, pause au soleil face à San Marco dont on peut prendre le temps d’apprécier les lignes et les proportions sans se faire marcher dessus ni bousculer : plaisir rare qu’il ne faut surtout pas bouder, d’autant qu’il n’est pas autoriser de s’asseoir sur la place Saint Marc.


C’est une journée sous le signe de la promenade sans but précis, déambuler simplement pour découvrir des quartiers, des ruelles, invoquer le souvenir des grands comme des inconnus dont les pas nous ont ici précédés. En prenant le vaporetto après avoir longé les quais de la Giudecca bien calme - si l’on oublie l’altercation virulente et sonore entre deux carabiniers et un clandestin-, nous voyageons autour de Venise en remontant le Grand canal que l’on peut parcourir sans se lasser.
En descendant au Rialto, la pression de la foule en est étouffante par contraste avec les lieux paisibles que l’on vient de quitter, mais c’est aussi ça Venise Il faut insister, pousser la promenade à l’opposé des lieux d’attraction pour se retrouver sur des petites places ou dans des petites ruelles vides bien qu’à quelques mètres.


On peut se perdre à force de marcher ainsi, à admirer l’architecture si ancienne, souvent délabrée. Très en hauteur on peut observer des arches entre deux immeubles, comme si elles devaient soutenir une toiture aujourd’hui disparue, probablement destinée à maintenir l’écartement de chaque côté de la rue.


C’est ainsi que de ruelle en ruelle, franchissant de petits ponts et faisant demi-tour là où la rue ne mène qu’à un embarcadère, on arrive au pied de la statue de Corleone puis de là à Fondamente Nuove d’où un saut de vaporetto nous dépose à Murano pour un bain de soleil le long d’un quai isolé.


C’est ça aussi Venise, ne pas chercher les lieux touristiques pour préférer prendre son temps et savourer une vue, même en contrejour.





jeudi 28 avril 2016

Le Carnet Vénitien - Partie 3



21.04.2016. 
Le plaisir de s’attabler sous un parasol pour prendre un petit déjeuner en famille sur la Via Garibaldi : capucine, caffé latté, diverses pasticeria pour accompagner, un art de vivre propre pour apprécier la vue convergente vers Santa Maria de la Salute. 


L’horaire du vaporetto me laisse le temps de dessiner la vue vers le Grand Canal, mais pas d’en faire le croquis. C’est l’occasion d’essayer de peindre sans esquisse préalable pour capturer des couleurs plus qu’une vue.

Depuis Giardini Biennale, le vaporetto 4.1 fait le tour de Venise par l’Est pour relier, depuis Fondamente Nuove, l’île de Murano. Un flot de touristes déferle sur la rive du canal central pour chiner de boutiques en boutiques, admirer les créations des verriers de plus ou moins bon goût, dont il n’est même pas certain qu’ils soient tous fabriqués dans l’île. Pourtant en s’éloignant un peu, on peu rencontrer des verriers au travail sans avoir à suivre une visite et là au moins, le certificat de provenance est assuré ! La dextérité de ces maîtres, capables de tirer en quelques minutes seulement un cheval cabré à partir d’un boule incandescente, laisse sans voix.


Il faut marcher le nez au vent pour admirer l’architecture à Murano, ces immeubles moins hauts qu’à Venise, très colorés, souvent d’un rouge lie de vin très marqué, parfois avec d’admirables fenêtres d’inspiration mauresque. Sur la place San Pietro, une curieuse création de verre éclatant de bleus surprend, comme une étoile descendue sur terre.


Depuis le ponton d’un snack sous le phare du Murano, nous profitons d’une vue vers l’église de l’île de Cimetero, l’île du cimetière de Venise. Les pizzas qui nous sont servies sont d’une dimension inimaginable  : la calzone est si grande et si gonflée qu’une touriste américaine se lève pour venir la photographier, juste avant qu’elle ne se dégonfle comme un soufflé.


Un plaisir à Venise est de prendre le vaporetto à loisir, comme on prend le bus dans une autre ville. Souvent bondés, certains sont taillés pour la mer et d’autres optimisés pour accueillir un maximum de passagers sur les eaux plus calmes du Grand Canal.  
Le pilote et le matelot les manoeuvrent comme des mobylettes, parfois sans le moindre ménagement. Pour s’arrêter, le matelot accroche le dalot de la station avec son aussière, fait rapidement un noeud de cabestan et le pilote met les gaz pour plaquer le bateau au ponton. Au départ, le moteur craque violemment entre marche arrière pour desserrer le cabestan puis marche avant pour s’élancer.


Le trajet vers le Lido, la bande de terre qui ferme la lagune, donne l’impression d’une quasi croisière cheveux au vent et exposés aux embruns que soulève la vague d’étrave. C’est la destination du week-end pour les vénitiens, une ambiance qui rappelle les stations balnéaires d’Espagne, une plage comme une autre, toute en longueur avec l’infini de la mer comme vis-à-vis.


La destination est suffisamment prisée pour que le vaporetto soit plein comme un oeuf. Curieux contraste saisissant avec celui soir qui quelques temps après remonte vers San Marco, presque vide à l’heure à laquelle tout le monde dîne. Prélude d’une promenade dans une Venise presque désertée, passant de ponts en places par des ruelles étroites ici occupées par des magasins de grand luxe, à proximité des grands hôtels ayant pignon sur canal.
La nuit de nuit depuis le Ponte del Accademia sur le canal qu’éclaire la lune à peine voilée par un léger nuage diaphane, appelle à l’apaisement et à la contemplation.
Une Venise calme comme au ralenti qui brusquement s’ébroue au rythme de l’arrivée nocturne d’un avion, une noria de taxis qui reprend tandis que le vaporetto qui traverse depuis la gare routière déverse son flot d’arrivants chargés de valises.



Les façades des palàzzî ne sont pas violemment éclairées, parfois juste soulignées ce qui les rend d’autant plus élégantes, sans arrogance inutile. 

mercredi 27 avril 2016

Le Carnet vénitien - partie 2


20.04.2016
Nous allons découvrir Venise par ce petit canal de quartier dans l’Est de la ville, au bout de Castello face au Giardini Biennale. Une ruelle calme et presque vide, à l’ombre d’une église dominant une petite place. Un petit bistrot dont les tables occupent le trottoir pour y prendre un petit déjeuner avec des croissants fourrés de marmelade, comme un sas avant de découvrir la Venise touristique.
Et marcher encore le long de ce rio pour parvenir enfin jusqu’à la rive et découvrir, partagés d’émotion et d’émerveillement, une vue à couper le souffle. Le campanile de Saint Marc faisant face à celui de San Giorgio Maggiore, le Bacino San Marco et dans le prolongement le Grand Canal. Déjà une circulation maritime intense, déjà des flots de touristes qui convergent vers Saint Marc.
Bien sûr c’est en cette direction que nous mènent nos pas mais à vrai dire, où iraient-ils sans rien connaitre encore ? Curieusement, passé l’engorgement du Ponte Della Paglia, d’où l’on peut voir le Pont des Soupirs, la Place St Marc (la Piazzetta San Marco dans sa partie étroite, la Piazza San Marco dans la plus longue) parait peu fréquentée en ce jour de semaine, les pigeons sont eux aussi peu nombreux mais déjà des orchestres aux terrasses des cafés pour faire payer un peu plus le chaland. Loin de l’image toute faite de cette place bondée et survolée de pigeons.

De là, le bonheur est de prendre une petite rue, sans chercher une destination précise pour mieux se perdre, au plaisir des canaux et des ponts, des campi et retomber sans savoir comment sur le Grand Canal à deux pas du Rialto que de grands travaux dissimulent à la vue.
Déjeuner au bord du Canal pour profiter de pasta al dente tout en jouissant d’une vue magnifique au ras de l’eau, à observer la circulation.


La promenade digestive se fera à bord du vaporetto qui remonte le Grand Canal vers la Piazzale Roma. C’est alors comme un défilé qui s’offre à la vue, chaque palais se passant de commentaire par son élégance, son élévation, au garde à vous les pieds dans l’eau.
Les bouchons de Paris sont ici remplacés par une joyeuse pagaille de motoscafi, de vaporetti et de plates qui se croisent, se klaxonnent, quelques gondoles qui cherchent à se frayer un passage dans toute cette noria.
Un parc ombragé nous permet de profiter d’un peu de fraicheur et de s’abriter d’un soleil qui ici chauffe déjà bien. Douceur de vivre à l’italienne dans un cadre éblouissant.


Le vaporetto suivant nous emmène poursuivre le tour de Venise par l’Ouest, en longeant le terminal ferry puis en glissant le long de la Giudecca. La rive est bien moins fréquentée sur cette face qui mène à la pointe de la Douane, puis à Santa Maria de la Salute. L’église est imposante par sa masse alors qu’à l’intérieur, pour ainsi dire vide sous son dôme, elle s’élève vertigineusement.

De ce côté aussi on se perd volontiers dans les ruelles pour progresser vers le Ponte Del Accademia, tout en bois. De nouveau le vaporetto pour rentrer dans notre quartier, chercher un peu de calme dans une zone sans touristes, discuter avec un vendeur de primeurs, profiter du jardin de la Biennale et de sa vue cette fois en contre-jour.



Difficile de décrire l’impression que provoque cette ville. La vue vers le Grand Canal, pour qui la découvre pour la première fois, est exaltante tant par sa beauté unique que par la joie d’y être. Une ville si célèbre dans le monde entier et si symbolique, de par sa place dans l’Histoire comme par le romantisme qui s’y attache. Pénétrer dans certaines villes donne le sentiment d’appartenir à une élite ; entrer dans Venise donne l’impression de s’inscrire à son tour dans une grande lignée de voyageurs, d’écrivains et de peintres. 


« Et nous entrerons dans la ville avec cet air tranquille des grands rois… »


mardi 26 avril 2016

Le Carnet vénitien - partie 1




19.04.2016
Prêts à décoller, enfin après avoir attendu plusieurs mois ce voyage. Le ciel de Roissy rosit doucement pendant que l’avion se prépare pour son vol.



1 heure 30 de vol pour arriver jusqu’à la Sérénissime. La plupart des voyageurs y arrivent de jour et découvrent la magie de la ville qui se dévoile progressivement, mais nous y arriverons de nuit et n’en verrons rien en nous posant à Marco Polo, et probablement pas grand chose à la traversant. Mais au réveil nous serons en son coeur comme si par magie nous y avions transplanté.



La sortie de l’aéroport ne se fait pas sans problème car si la sortie est bien indiquée d’un côté, le port pour les bateaux taxi n’est pas fléché et aucune sortie n’est mentionnée.
Mais au bout de la passerelle qui traverse le parking, le port des motoscafi, les bateaux taxi privés, nous attend avec ses pontons sautant au rythme des vagues.
Un motoscafo où Alberto, notre logeur, nous attend à bord d’un Riva magnifique, tout en acajou, qui file et s’élance sur la lagune plongée dans le noir, sans que nous ne puissions encore comprendre où nous sommes.

Une petite demie-heure de trajet pour entrer subitement au ralenti dans un petit canal, un rio, bordé de maisons toutes colorées, fermé par un pont sous lequel le bateau semblerait ne pas pouvoir passer. Nous voici arrivés, dans la joie d’y être enfin.


dimanche 10 avril 2016

Visite chez l'impératrice Joséphine



A quelques kilomètres de Paris, Rueil-Malmaison perpétue le souvenir du séjour de Napoléon Bonaparte et de Joséphine de Beauharnais, sa première épouse.

Acquise en 1799 au retour de la campagne d'Egypte, la Malmaison sera la résidence privée du couple où Napoléon goûtera toujours du plaisir d'une promenade, tout en s'organisant pour pouvoir y travailler comme aux Tuileries.

Avant d'arriver au parc de la demeure, on peut profiter du Parc voisin de Bois-Préau qui se déroule autour d'un petit château qui se laisse deviner au travers le feuillage des arbres qui poussent à nouveau en ces premiers jours agréables du printemps.


Endroit idéal pour prendre un repas champêtre et de profiter de la multitude de pâquerettes et autres petites fleurs des champs.

Puis de là on rejoint la Malmaison, son style simple à l'extérieur, chargé à l'intérieur, porteur d'émotion tant de pages importantes de l'histoire de l'Empire s'y sont déroulées.


Napoléon s'était créé là un cadre enchanteur pour travailler, qu'il continuera de fréquenter après son divorce d'avec Joséphine qui en conservera l'usage.
Tout ici rappelle la famille impériale, Madame Mère, la reine Hortense, le Prince Eugène (l'arbre généalogique de Joséphine nous apprenant qu'elle a donné comme descendance un empereur - Napoléon III - mais aussi des lignées de souverains au Danemark, Norvège, Suède, Luxembourg et Belgique !).




Un lien si attachant que Napoléon, quittant l'Elysée où il a signé le second acte d'abdication au terme des Cent Jours, y est venu passer quelques jours avant de partir pour l'Ile d'Aix et l'exil vers Ste Hélène.
De St Hélène d'ailleurs il reste un souvenir émouvant : à quelques pas de la berline qui a conduit Napoléon à Waterloo figure le corbillard aménagé pour son enterrement, simple plateau d'un carriole peinte en noir.

Un jardin délicieux pour profiter des rayons du soleil, goûter la vue sur cette demeure si plaisante où l'on comprend que Napoléon ait pu être si heureux.




dimanche 3 avril 2016

Promenade aux Trianon de Versailles


Le printemps qui tente d'émerger d'un hiver tardif nous offre là un dimanche ensoleillé et chaleureux qui pousse à sortir et à profiter pleinement du grand air.

Direction Versailles pour un pique-nique en famille, bravant l'idée préconçue qu'en avril, ne se découvrant pas d'un fil, un repas champêtre nécessiterait évidemment plusieurs couches de vêtements.

C'est au pied du Grand Trianon qu'une pelouse accueillante nous a permis de profiter bien au contraire des rayons réconfortant d'un soleil plein de bonne volonté jusqu'à chauffer et même plus.

Cadre majestueux de cette façade rosée dédiée aux plaisirs.


Puis en descendant vers le Grand canal, l'esplanade du Fer à Cheval offre une autre vue, cette fois côté jardin du Grand Trianon mais en contrebas, vue tronquée derrière les premières haies.


Une promenade en famille qui offre comme récompense un goûter chez Angelina, sous les ombrages devant le Petit Trianon. Délices de macarons et de Mont-Blanc puisque le Carême est fini !
Quel bonheur de profiter ne serait-ce que d'une journée de douceur après des semaines humides, de voir le printemps éclore petit à petit et de profiter de ce Domaine où le présent se fond dans l'Histoire avec élégance...