mardi 18 août 2015

Cimetière de bateaux de Kerhervi


Le Blavet coule au travers du Morbihan, glisse ses méandres sous les quais d’Hennebont et avant de franchir le Pont du Bonhomme pour entrer dans la rade de Lorient, abrite dans une de ses courbes le cimetière de bateaux de Kerhervi.
Une vaste vasière accueille mollement des dizaines et des dizaines de coques ayant fini leur voyage, venues ici chercher un repos tant mérité que plus personne ne songe à eux.
La peinture s’écaille à disparaître, entrainant dans sa poussière jusqu’au nom du bateau qui ainsi n’est plus qu’une coque.


Puis la mer et le temps qui passe, flux et reflux, se chargent de ronger les bois. La coque s’effrite telle une peau qui tombe, laissant se dresser vainement les varangues qui désormais prennent des allures de squelette dont les côtes sont des bras qui n’enserrent plus rien.
Et la vase lentement absorbe ce qui reste, lentement, si lentement que c’en est imperceptible et l’ancienneté du séjour ne mesure à la hauteur de ce qui émerge encore.


Ici se côtoient ceux arrivés il y a si longtemps qu’il n’en reste presque plus rien avec d’autres qui ont connu les Trente Glorieuses tandis qu’au loin incongru dort un transrade dont la coque en bois s’effondre sous le poids des superstructures métalliques rongées de rouille.
Toutes ces coques qui virent au noir de l’ébène sous les outrages du temps demeurent à jamais immobiles sous le regard de celles, rutilantes de couleur, mouillées  à quelque encablure dans la partie à flot du fleuve tandis que passent avec à peine un regard d’autres coques qui filent rejoindre la mer ou majestueusement remontent vers Hennebont.


C’est la version marine d’autres vanités qui se joue dans cette courbe du Blavet, dans une ambiance pourtant si paisible à jamais éloignées des fureurs des tempêtes en mer.

Retour à la nature pour ces coques dont les bois sont venus des forêts toutes proches et qui se désagrègent en douceur au pied de vallons arborés…


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