mercredi 15 juillet 2015

Carnet d'un pèlerin - 2

Pèlerinage des pères de famille - Vézelay 2015 - Jour 2 sur 4
Premier jour de marche, de St Léger à Avalon



Au petit matin du vendredi l’aurore m’a cueilli sans peine, le spectacle du jour diaphane sur cette belle demeure méritant bien de s’installer à l’indienne dans le duvet pour croquer cette vue. Déjà la chaleur prévue pour la journée monte doucement.





Avant le petit déjeuner, nos deux aumôniers célèbrent la messe sous un porche, trait d’union entre le campement qui nous retient encore et le chemin visible là qui nous appelle.

Petit déjeuner dans le jardin près d’un kiosque au toit de chaume avant de prendre la marche.



Le pèlerinage répond à une vocation d’échange autour de la paternité, chacun venant avec sa motivation propre qui peut être heureuse ou dramatique, pour rendre grâce ou solliciter le bénéfice d’une grâce. Il n’en sera pas fait état dans ces lignes, la bienveillance fraternelle ne pouvant ouvrir aux confidences que par le secret qui les abrite.

En marchant, chacun a le temps de méditer, de prier mais aussi de parler, d’aller à la rencontre de celui que le rythme de la marche aura placé là à côté. Et tous ensemble de pouvoir prier et chanter, réciter le chapelet, faire résonner des cantiques dans ces paysages de Bourgogne.


Mais cette année le soleil mène le bal et la canicule frappe. Le oindre coin d’ombre est recherché, tout petit souffle d’air est apprécié. Les pauses sont bénéfiques mais toujours trop courtes pour des organismes habitués à une vie urbaine. L’eau prise aux fontaines des villages n’a pas toujours bon goût mais il faut bien boire. L’appétit ne sera pas toujours au rendez-vous lors de la pause déjeuner, surtout lorsque celui-ci est composé de plats lyophilisés qui quoi qu’on fasse sont vraiment peu appétissants.


Au contraire, se plonger dans l’eau délicieusement chauffée par le soleil de l’étang de Marhaut sera un vrai plaisir délassant.


Autre pause, une le matin et une autre l’après-midi pendant les deux jours de marche, les moments qualifiés de temps spi, pour spiritualité.
Nous marchons par demi groupes de 20 afin de faciliter les échanges, chaque demi groupe ayant son parcours propre. Les 20 se réunissent alors pour écouter un témoignage de l’un d’entre nous qui évoque ce que le thème de l’année peut avoir comme résonnance en lui. « Qui me suit aura la lumière de la Vie ».
Puis à 10 nous échangeons entre nous sur ce que ce témoignage peut évoquer à chacun. La parole est difficile à libérer, le temps que certaines barrières tombent du fait de l’ambiance fraternelle qui incite petit à petit à accepter de se confier.
Il en va ainsi dans ce pèlerinage où des hommes arrivent avec une virile réserve qui progressivement se fissure comme les remparts de Jéricho sous les trompes qui sonnaient, pour accepter de lâcher prise. Pour cela la déconnection doit être totale, au sens figuré comme au sens propre : plus de téléphone ni de mail !

Il n’y a pas de honte à se lâcher ainsi mais beaucoup à gagner tant la bienveillance amicale est grande et c’est ce qui fait la richesse de ce pèlerinage. Nombreux sont ceux qui sur ces routes auront eu le choc d’une rencontre, d une découverte, d’une révélation et en seront rentrés transformés ou bouleversés.


Au premier jour, ces pauses se font l’une dans une petite église de village que l’on ouvre en allant chercher la clé à la mairie, l’autre en pleine forêt au bord d’un petit étang. C’est aussi l’occasion de souffler un peu, de profiter de ne pas avoir le sac sur les épaules de plus en plus meurtries par les kilomètres.


Au bout du chemin du premier jour, un champ accueille notre campement. Les températures sont si élevées qu’elles vont inciter la plupart d’entre nous à ne pas monter la tente et à profiter d’une nuit à la belle étoile.
Avant cela, une douche au tuyau du lavoir au cœur du hameau, dont la température ne doit guère dépasser 15 °. Passé le choc thermique, nul ne conteste les bienfaits de pouvoirs se aver, le froid aidant à se délasser. Le hameau se remplit de cris et de rires quand l’eau froide frappe les corps chauffés par une longue journée, comme si des enfants avaient envahi l’espace.

Le repas du soir est pris dans une fraternité qui pousse à tout mettre en commun ; circulent saucissons, fromages, vins et autres diverses douceurs dans lesquelles chacun pioche à loisir.


Arrive alors un des grands temps forts, la veillée en demi groupe ; tous ceux qui ont partagé la marche dans la journée et ainsi créé des liens se retrouvent en rond dans le champ, en principe autour d’un feu mais la sécheresse et les températures encore élevées le soir nous contraindront à nous en dispenser.
La joie du repas facilite la prise de parole, chacun à son tour exposant ses motivations dans ce pèlerinage et évoquant les intentions de prière qu’il demande au groupe de partager et de porter avec lui. C’est une soirée qui passe du rire aux larmes dans un contexte de ferveur que des prières ou des chants viennent porter.
Pour beaucoup, la veillée du vendredi ouvre des portes insoupçonnées ; voyant qu’il n’est pas seul à s’exprimer ou à porter un fardeau, chaque père peut à son tour oser se confier et ainsi recevoir du soutien fraternel.


Puis vient la nuit où l’on cherche quelque repos du corps lorsque le sommeil n’est pas perturbé par les grenouilles qui ont élu domicile dans une retenue d’eau à proximité et les ronflements que la fatigue rend plus intenses.


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