Au balcon.
Il y a quelque temps à Tolède j’avais été conquis et ravi par
cette pièce en nid d’aigle au sommet de notre hôtel, qui m’a donné l’occasion
d’écrire et de peindre au faîte des toits avec une vue magnifique sur la ville
environnante.
Et voici maintenant que sur notre balcon au dernier étage de
notre immeuble nous avons installé une table qui me permet de travailler avec
une vue agréable, largement dégagée.
Il ne faut pas oublier qu’à Paris les vues dégagées sont rares du
fait de la largeur des rues. Le vis-à-vis est souvent trop proche diraient
certains. Ici ce n’est pas la largeur de la rue qui marque mon horizon mais sa
longueur !
J’ai déjà eu l’occasion de décrire en aquarelle la vue de ce
balcon (cliquer ici) et grand bien m’a pris. Aujourd’hui la perspective sur
Montmartre est fermée par des grues qui se dressent de Levallois jusqu’aux
Batignolles et lorsque le futur Palais de Justice montrera ses 60 étages le
Sacré Cœur ne sera plus qu’un lointain souvenir visuel.
Il y a du plaisir à s’installer sur cette table un peu instable,
orienté vers l’extérieur et à l’abri d’un parasol qui à partir d’une certaine
heure ne sert plus à rien, le soleil trop haut dans le ciel étant masqué par
l’avancée du toit.
C’est comme s’asseoir dans une bulle au milieu des fleurs en
balconnières et des diverses plantes avec le ballet des oiseaux qui ont élu
domicile sur le toit. Hélas cette année le groupe d’hirondelles qui avait pris
l’habitude de se nourrir dans notre nichoir ne pas semble pas avoir pu
reprendre ses aises, sans doute à cause des ramiers qui les ont devancés.
J’aime m’installer à ce poste pour écrire, sans être gêné dans ma
concentration grâce au calme du quartier, la rue étant en outre invisible d’en
haut une fois assis à ma table. Le canisse installé pour prévenir mon vertige
ajoute encore à ce côté préservé.
Avec les beaux jours ce balcon est devenu une pièce de plus où
il fait bon vivre. On peut même y faire la sieste à mi-ombre en étendant un
matelas de camping entre les pots de fleurs, lesquels vus du sol prennent une
perspective intéressante !
Travailler là me fait penser au bureau de Victor Hugo à
Guernesey, bâti au sommet de sa maison lui aussi en nid d’aigle vitré, où il
pouvait écrire face à la mer sur une tablette avant de jeter les pages les unes
après les autres sur un canapé en arrière pour qu’elles y sèchent. Mais Victor
Hugo travaillait debout.
Le balcon n’est pas bien large mais j’y trouve un confort car
assis à cette table je touche du dos le mur, ce qui me maintient idéalement dans
une posture rassurante.
La table est en bois verni d’une lasure sombre, à plateau en
caillebotis ce qui est charmant pour le regard, parfois peu pratique pour
écrire à la plume. Mais celui lui donne un petit air de bureau de campagne que
l’on peut transporter avec soi et installer partout en pleine nature.
Sur le balcon ce sont les plantes environnantes qui donnent cette
impression de nature, qui peut paraître artificielle en pleine ville mais à
Paris il faut apprendre à goûter tout ce qui permet de s’extraire de
l’environnement urbain pour s’offrir des compensations. Certains prennent des
psychotropes, moi je me crois dans la nature, ce n’est pas plus idiot et cela
reste productif.
Sans être jardinier et même bien au contraire, j’aime prendre
soin de ces plaintes, les voir pousser et m’étonner de leur vigueur. Il y a là
les classiques géraniums et pensées, les grimpantes clématites qui attaquent
l’ascension du treillis, les sudistes lavandes, thym et romarin sans oublier le
basilic dont la fonction alimentaire est chaque année honorée, hortensias,
pivoines et agapanthes.
Avantage de ce balcon, il est lumineux mais ombragé, ce qui
permet d’en profiter sans la sensation d’une étuve ou d’une surchauffe.
Et même le soir, la fraicheur qui y règne offre le loisir de
profiter des charmes de la nuit sur Paris. Et parfois de distinguer quelques
étoiles tandis que sur notre droite clignote la Tour Eiffel dont nous voyons le sommet…
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