lundi 6 avril 2020

Beluga sur carte marine

©Axel Pivet - Voilier Béluga
Aquarelle sur carte marine imprimée en 1903
Conçu en 1943 par le célèbre architecte naval Eugène Cornu, le Béluga est l'ancêtre de la plaisance moderne, mais un ancêtre bien portant puisqu'avec plus de 1.000 unités construites, il continue vaillamment à naviguer.
Il représente une porte sur la liberté, ouverte dans l'immédiat après-guerre, grâce à ses qualités étonnantes pour l'époque avec des lignes qui tranchaient sur les voiliers classiques, plus lourds et à fort tirant d'eau.
Le Béluga est le premier voilier habitable dériveur intégral et transportable. L'association des propriétaires anime rencontres et régates et c'est sur son site qu'une photo a attiré mon attention.

Tout démarre d'une carte vierge, de dimensions modérées : 53 cm de haut sur 37 de large, qu'il faut maintenir plaquée sur une planche de travail car elle est conservée enroulée.
La carte date de 1903, elle est issue d'un lot de douze, pour les 12 heures de marée, représentant les courants en Atlantique en fonction de la marée de référence à Brest.
Un premier travail consiste à poncer légèrement la partie imprimée, en raison du vernis associé à l'encre couvrant la partie terrestre de la carte. D'expérience en effet, ce vernis repousse la peinture et à part la gouache rien n'accroche.
Un ponçage léger enlève cette pellicule et autorise ainsi un travail à l'aquarelle.

La base du tableau repose sur un dessin solide, représentant le voilier vu de face, dans une posture dynamique car il arrive au portant, dans une rotation vers le spectateur comme attaquer un surf sur une vague.
Ces voiliers en effet ont une carène planante qui leur permet de jouer à la surface des vagues ; on lofe (remonter dans le lit du vent) pour prendre de la vitesse quand la vague soulève l'étambot (arrière du voilier), puis on abat pour se mettre dans l'axe de la vague quand elle emporte le bateau.
Un vrai jeu qui apporte beaucoup de plaisir.

Quand les premières couleurs arrivent, il faut savoir prendre du recul pour apprécier l'ensemble, surtout avant de poser les lavis de la mer puis du ciel.
Les voiles sont peintes à la gouache blanche, car le fond de la carte est trop grisâtre pour bien les faire ressortir en contraste sur le fond du tableau. L'aquarelle est en effet une peinture qui repose entièrement sur les jeux de lumière et de contrastes entre les couleurs.

Travailler sur une vieille carte apporte des contraintes liées au papier, qui non seulement n'est pas blanc, ce qui influe sur la teinte après séchage du fait de la transparence des pigments, mais n'est pas fait pour réagir à l'eau comme un papier d'aquarelle classique. Les fusions de couleurs et les lavis ne fonctionnent pas comme à l'ordinaire.
Je vais quand même mouiller le papier pour poser le lavis de la mer, sur lequel ensuite je viendrai, par petites touches, créer le mouvement des vagues et les jeux d'ombres.
Le voilier est entouré de vagues déferlantes, car dans un surf le bateau pousse l'eau de toutes parts.

Quand le travail est fini, la carte se fait plus discrète même si son fond interagit avec le ciel pour créer une ambiance couverte du côté ombré. Il faut en effet réfléchir en amont au sens de la couleur pour tenir compte précisément de l'effet que produira la carte en sous face.
Bon vent à ce Béluga !


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