lundi 11 juillet 2016

Carnet d'un Pèlerin - Montligeon 2016 - Jour 2

©Axel Pivet
Quelle est dure cette première nuit quand le pèlerin se trouve comme jeté brutalement dans un environnement qui ne lui est pas naturel ! Entre ronflements et bruits de la nature, le sommeil fuit, lâchement...
C'est au son du cor de chasse que le réveil est sonné mais c'est autour d'un petit déjeuner que l'ambiance de groupe va se créer, surtout quand apparaissent, que notre hôte en soit remercié, de délicieuses brioches.
Reste à transformer des pères de famille qui pour certains ne se connaissent pas encore en pèlerins. Consignes et présentation de l'état d'esprit proposé, un pèlerinage n'est pas une épreuve sportive ni une performance entre amis, mais bien une démarche spirituelle dans laquelle l'effort physique contribue à l'ouverture aux autres et à la méditation.

©Axel Pivet
Après une prière commune l'envoi nous est donné, débutant la marche par un temps en silence afin d'entrer dans le pèlerinage à la fois sans se précipiter pour ménager le corps et en se concentrant sur la dimension spirituelle des jours à venir. Se laisser envahir par la beauté du paysage, méditer au rythme des pas sur le chemin, se laisser guider sans chercher à deviner la direction à suivre, abandonner progressivement la couche superficielle de l'homme du 21ème siècle pour se faire pèlerin.
Il y a dans cette première heure de marche une illustration de ce à quoi les chrétiens sont appelés, se mettre en marche à la suite du Seigneur en se laissant guider par sa Parole.
Une marche dans un nuage, au sens propre comme au sens figuré, la bruine devenant pluie avant de s'effacer pour mieux revenir. Mais marcher sous la pluie n'est pas un obstacle tant que lors des pauses il est possible de rester au sec.

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La première église qui abrite notre groupe méritait bien d'attendre que la tenante des clés vienne nous ouvrir. Entièrement décorée et peinte, l'église de Saint Germain étonne d'une telle beauté, préservée presque anonyme en pleine campagne. Un cadre idéal pour méditer en écoutant un premier topo sur la Miséricorde, qui nous donne à réfléchir pendant les jours à venir.

©Axel Pivet

Marcher encore avant de pouvoir partager le pain d'un repas sur le bord de la route, profiter d'une vue dégagée et paisible qui incite à la sieste.
Quand déjà il faut repartir, c'est le coeur plus joyeux car la marche permet des échanges qui ouvrent à la fraternité. Ce ne sont pas tant les kilomètres qui s'accumulent que les confidences, le carcan des bienséances qui empêche en temps ordinaire un homme de se confier se dissout dans la longueur du chemin parcouru. Entre frères on se dit ce qu'autrement on aurait conservé enfoui.

©Axel Pivet

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Et pour davantage encore faire connaissance, un temps de partage dans un sous-bois, à l'orée d'une forêt, consacré au pardon dans la famille offre une belle occasion d'échanges.

©Axel Pivet

Emergeant de la forêt la route rectiligne laisse apparaitre petit à petit les bâtiments de l'abbaye de la Grande Trappe. "Venez et voyez, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" indique un panneau à l'entrée du bâtiment d'accueil des pèlerins, la beauté paisible du paysage environnant illustre bien ce verset.

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©Axel Pivet

Les moines qui nous convient à partager l'office des vêpres portent dans leur psalmodie nos intentions que fatigués par cette première journée de marche nous ne sommes plus capables de formuler.
La ferveur partagée est une entrée en matière pour vivre pleinement la dimension moins spirituelle du pèlerinage, tout aussi structurante dans un tel groupe, le temps du repas. Le bien vivre participe à la cohésion et favorise la bienveillance entre pèlerins, si importante avant la veillée.

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Réunis dans l'oratoire de l'abbaye, chacun à son tour peut s'ouvrir pour présenter ses motivations dans le pèlerinage ou les intentions qu'il porte plus particulièrement en marchant. Passant du rire aux larmes, chacun peut percevoir la diversité des sentiments qui animent les pères présents. Relativité de la vie terrestre. Une telle veillée aide à discerner l'essentiel du reste, à se concentrer sur sa famille quand elle est là plutôt que de poursuivre des chimères qu'un monde matérialiste nous offre presque en libre service.

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©Axel Pivet

Quand à la nuit tombée, sortant d'une belle messe, les voiles des tentes se referment, le sommeil qui m'enveloppe est déjà plus apaisé. La magie du pèlerinage n'attend pas pour jouer et faire son oeuvre.












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