17.05.2016 Curieux voyage à Aix-en-Provence. Comme souvent le voyageur arrivé avant moi s'est assis à ma place, sans me demander si cela me dérangeait.
La gare d'Aix est située très à l'extérieur de la ville, presque à Marignane quand on regarde une carte, mais la liaison ne prend qu'un petit quart d'heure.
Le tribunal de commerce est installé dans un vieil hôtel du Cours Mirabeau, tout auréolé de son histoire mais tombant véritablement en ruine.
On plaide dans une grande salle dont une partie des moulures a disparu, mangées par le temps, toute dégoulinante de salpêtre et dont les fenêtres ouvrent sur un jardin gagné par un abandon navrant et mélancolique.
Le plaisir de s'installer à l'ombre d'un patio pour travailler avant de reprendre le bus vers la gare, s'étonner de se trouver à ce point au milieu de nulle part avec toutefois une vue magnifique vers la Montagne Sainte Victoire, qu'un filet d'ombrière vient hélas gâcher.
Signalons de pouvoir s'installer dans des box isolés permettant de travailler au calme et en toute discrétion. Idéal quand il faut subir le retard du train et les désordres qui vont de paire.
18.05.2016 Le voyage se poursuit après une halte à Lyon dans un hôtel de gare qui a sans doute connu ses heures de gloire en d'autres temps et semble aujourd'hui bien défraichi. Si la double fenêtre empêche d'entendre les convois ferroviaires nocturnes, l'épaisseur des cloisons donne le sentiment que l'occupant de la chambre voisine va entrer dans la mienne.
Un jour de grève de trains, il ne faut pas hésiter à partir tôt, rejoindre Chambéry à l'heure du laitier en découvrant la vallée avec l'aube.
Plaider à Chambéry offre la possibilité de s'inscrire dans l'histoire quand l'audience se tient au Palais ancien, siège de la cour d'appel. Le tribunal de commerce est relégué dans une annexe moderne dont seule la façade rappelle une architecture classique.
Le bureau des avocats offre une vue sur la Fontaine des Eléphants, monument que je contemple à chacun de mes déplacements avec toujours un même étonnement mêlé d'interrogations. Que font ces quatre éléphants surgissant des faces d'une statue en plein coeur de la capitale de la Savoie ? Hannibal franchissant les Alpes serait-il célébré ainsi alors qu'il est sans aucun doute passé beaucoup plus au sud ?
Mes séjours à Chambéry sont le plus souvent trop courts pour que je puisse y voir les montagnes, inconvénient d'une ville nichée dans une vallée qui masque elle-même la vue sur son environnement.
Pour une fois que je suis franchement en avance pour prendre le train, il faut se placer en bout de quai pour avoir une vue plus dégagée, faire abstraction des câbles et autres poteaux qui abîment la perspective et ainsi profiter de cette ouverture sur la Pointe du Nivolet.
Et enfin prendre le train, parcourir la vallée et contourner le lac du Bourget, se laisser aller au vagabondage de la pensée face à ces vues qui se succèdent et qui se laissent capter à la volée comme des flash de lumière.