vendredi 21 janvier 2022

Temps de brume

©Axel Pivet 2022


La campagne au petit matin d'hiver se réveille drapée d'un voile diaphane qui pousse à relever le col pour se préserver de l'humidité. Où que tourne le regard, ce n'est que lumière grise, masse informe qui supplante le paysage habituel.

Où que portent les yeux, la campagne a disparu. Une gomme a été passée par quelque géant, un lavis de teinte rompue a été passée par un pinceau du ciel, il n'est plus une ligne qui soit nette.

De loin en loin, quelques formes surgissent, masquées par une perspective atmosphérique rapprochée ; cette sensation d'effacement devrait n'avoir lieu qu'au loin mais ce matin on peut la toucher de la main. Un pas en avant devrait suffire à atteindre cet horizon lointain pourtant si proche, mais il n'est rien à faire, il recule quand je m'approche.

Les bruits se jouent du goniomètre interne mais y a-t-il encore du bruit ?

Des fantômes s'agitent, qui deviennent formes floues avant de prendre corps au travers du banc opaque. Le jour petit à petit avale cette couverture et dévoile quelques mystères. Mais dévoiler n'est pas révéler, l'imagination garde sa fertilité devant ce spectacle.

Je passe devant un portail qui parait tombé d'on ne sait où ; seul, ouvert, sans ces murs auxquels il devrait être adossé comme tous ses semblables. Et au-delà ? Les grilles ouvertes invitent à poser le regard mais elles ne s'ouvrent que sur des silhouettes. Les grilles sont ouvertes car finalement, la brume suffit à préserver ce qu'il y a au-delà. Les piliers me toisent, circulez, vous voyez qu'il n'y a rien à voir.

Alors je circule.


©Axel Pivet 2022

 

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