Encore une fois une incroyable après-midi a succédé à une matinée
brumeuse ; un temps idéal pour se projeter 6 000 ans en arrière en
visitant le site des mégalithes de Locmariaquer. Le Morbihan présente la plus
grande concentration de mégalithe en Europe, dolmen et menhir étant
indissociablement liés à la Bretagne.
La pierre qui résiste au temps est toujours émouvante, témoin des
siècles d’Histoire qu’elle a traversé. Mais se retrouver face à des pierres qui
ont été manipulées il y a 6 000 ans sans que l’on ne sache ni par qui, ni
comment, ni pourquoi, appelle à l’humilité. Ces pierres en soi sont
naturellement étonnantes ; mais la distance qui sépare les gisements
possibles en fonction de la nature des roches, à laquelle s’ajoute les
obstacles à franchir, notamment maritimes, laisse pantois. Les archéologues
font des expériences pour reconstituer les moyens de déplacement, chaque idée
étant battue en brèche par la complexité de l’opération.
Locmariaquer propose sur un même site resserré trois monuments
impressionnants dont le grand menhir brisé qui, avant sa chute, était le plus
grand menhir connu du haut de ses 21 mètres.
Brisé sans doute par un séisme, sa base s’est allongée d’un côté
tandis que le reste, brisé en trois morceaux, est tombé de l’autre. Se dire
qu’intact il représente une masse de 300 tonnes, et qu’il a franchi plus de 10
kilomètres à vol d’oiseau avant d’être redressé ici, rend vaine toute parole,
le silence se suffit devant lui.
L’exploit technique de sa présence est à la hauteur de ce monument.
L’énigme qui l’entoure quant à sa finalité, son sens, dépasse ce que l’on peut
imaginer. Se trouver face à un château ou une vieille bâtisse incite à écouter
les pierres sur ce qu’elles ont vécu, ce qui s’est déroulé entre leurs murs, à
imaginer une histoire. Mais avec ces mégalithes, c’est presque le vide de
l’ignorance qui se dévoile, abysses vertigineuses face auxquelles on reste
immobile, à essayer d’entendre ce que ces pierres ont à nous dire mais qu’elles
nous disent dans une langue que nous ne parvenons pas à comprendre, summum de
frustration.
A Locmariaquer, c’est le gigantisme qui prime, mais promenez-vous
à Carnac et alors vous serez surpris par les tailles si variées, du plus petit
au colossal.
Ces alignements finalement n’ont aucune rigueur, la ligne n’est
pas droite mais ondulée, les pierres ne sont pas rangées par ordre de taille,
dans un vaste capharnaüm. Ce désordre apparent contribue au mystère des
mégalithes, au plaisir que le voyageur peut avoir en les parcourant.
Et on trouve n’importe où, dans un champ comme au bord de la
plage que les nageurs négligent et ne voient plus…
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