vendredi 20 novembre 2015

Ligne d'horizon


Vendredi 13, Paris a été frappé par de lâches attentats.
Ce matin-là, le soleil s'est levé en perçant une nappe de brume dans des couleurs devenant flamboyantes. Une petite aquarelle faite à la volée entre deux gorgées de café, la ligne d'horizon composée par la colline de Montmartre encore dans le noir du contre-jour.

Déjà le 7 janvier j'avais fait une photo de ce panorama qui souriait d'innocence ans l'aube rosée, juste avant de sombrer dans l'hébétude face à des actes odieux d'obscurantisme.

Comment regarder cette aquarelle maintenant sans penser que cette aube prometteuse et si belle s'est levée sur un jour qui ne finirait pas sans pleurs et sans douleurs ?


Et depuis j'ai repris mes pinceaux et ce même carnet pour capturer la lumière sur cette colline depuis le même point de vue, avec ou sans café.
Ces croquis auront le mérite de rappeler ces jours tristes et ceux qui ont suivi quand Paris s'est relevé fièrement.



Ce n'est pas finalement capturer l'instant comme un chef d'oeuvre en péril mais bien au contraire célébrer la vie qui continue presque crânement, garder la preuve que le ciel continue de jouer les heures comme les saisons avec délice et bonheur pour ceux qui le contemplent.


Et prendre le plaisir de se lancer dans une série avec l'inspiration de Monet en la matière.

"Que l'on touche à la liberté 

Et Paris se met en colère 
Et Paris commence à gronder 
Et le lendemain, c'est la guerre. "






mercredi 18 novembre 2015

Le bel automne


Le bel automne est arrivé, chantant l'été sans pour autant le dépouiller, gardant de lui le soleil encore chaud et ces dimanches qu'on voudrait ne pas voir finir.
Marchant dans une allée forestière, les rayons du soleil sabre au clair pour trancher sur l'ombre, illuminent le ballet des feuilles mortes quittant leurs branches, portées par une ronde aérienne, tombant en virevoltant jusqu'au tapis d'herbe.
Jeu de lumière et de couleurs que ces feuilles, simples points jaunes qui se détachent nettement sur le vert persistant de certains grands arbres.
Le cycle de la vie.


L'automne cette année est particulièrement surprenant. Une météo printanière offre des températures clémentes et un ciel encore bleu que viennent à peine colorer quelques nuages rarement menaçants.
S'il fallait une illustration au changement climatique, en voici une bien explicite...
En cette même saison il serait normal d'être couvert d'un gros pull et de faire face à la lumière sombre d'un ciel d'encre dans lequel soufflerait un vent frigorifiant.
Rien de tel si ce n'est quelque bise toujours légère en cette année décidément bien curieuse.





Promenade en forêt, les arbres sont maintenant bien dégarnis et laissent voir le ciel au travers de leurs ramures telles des doigts écartés.
Toutes les feuilles désormais jonchent le sol d'une couverture molletonnée sur et dans laquelle marcher est un bonheur simple et sain. Le bruit que font les pieds en fouettant ces feuilles résonnent à mes oreilles comme celui de la vague quand l'étrave d'un voilier laboure les vagues. Mouvement hypnotique répété à l'infini de la promenade qui projette ailleurs, loin des soucis divers et des préoccupations du moment. Les yeux au loin ne voient plus rien qu'une immensité rousse, ce tapis de feuilles mortes d'où sortent des troncs qui ont viré au gris.

C'est le bel automne qui prend ses droits sans que la nature ne cherche à lui résister.


jeudi 5 novembre 2015

Landevennec en poésie

Aquarelles et poèmes de l'auteur.




Landevennec,

Landevennec aux vents exposée
Au creux de la rivière doucement lovée
En un lieu magique établie
Pour de mâtines jusqu'à complies
Chaque jour comme chaque nuit
Vers les cieux faire monter une prière épanouie

La moderne abbaye d'une forêt émergeant
Fait revivre les pierres séculaires à quatre pas de là gisant

Tandis qu'en bas plongées dans l'Aulne
De vieilles carcasses hier encore fiers vaisseaux
Peuvent enfin mesurer à l'aune
Du temps qui passe au fil de l'eau
La durée de toute éternité

Et dans ce paysage inaltéré
Hors du temps mais pas hors de la vie
Les moines de cette abbaye bénédictine
Outre liqueurs et pâtes de fruits
Profitent de cette expression de la bonté divine



Au fil de l'Aulne,

L'Aulne et ses méandres
De la mer se voudraient conquérants
Et se verraient tel Alexandre
Parés d'un destin bien plus grand

Mais c'est ainsi avant la mer
Vaste obstacle s'étend la rade
Et tes eaux jusque là paradent
C'est assez beau n'en sois pas amère

De tes brumes surgissent des mystères
Sur tes flancs on jurerait des Korrigans
Et de la mer jusque dans les terres
Découvrir la Cornouaille en naviguant

Fleuve enjoué
Par un curieux pont enjambé
Au loin rejoint l'Elorn
Et peut rêver du Cap Horn

Ainsi coule en Basse Bretagne
Ce fleuve venu de la Noire Montagne
Des pieds du Menez Hom
Et au doux nom de l'Aulne