lundi 4 juin 2018

Week-end de Pentecôte à Lorient

©Axel Pivet - Penn Ar Roz
Quand l'agenda offre trois jours pour s'évader de Paris, cap à l'Ouest la famille transporte ses bagages jusqu'à Lorient, au bonheur du grand air quand le soleil sans mordre caresse la peau.
Dès la première pause pour avaler un café le carnet est de sortie car lui aussi s'est senti frustré par cette période d'abstinence. Soudain le coucher de soleil transforme la route en théâtre d'ombres. Il n'est jamais facile de dessiner en mouvement mais quand le spectacle est hypnotique il faut en profiter.

©Axel Pivet - sur la route de Bretagne
Au matin les rideaux s'ouvrent sur une vue que j'ai croquée ou peinte maintes et maintes fois mais qu'importe, je ne peux m'empêcher de m'y remettre. Le café du matin sur la terrasse de la maison, orientée vers le sud, sous le grand parasol déporté, invite toujours à peindre.
Aujourd'hui je renouvelle l'exercice mais en limitant l'esquisse à l'encre à son strict minimum, pour laisser la couleur créer les volumes. Le résultat est doux et léger, en cohérence avec l'ambiance qui entoure une telle vue.

©Axel Pivet - Vue sur le Scorff
Après une bonne journée qui a permis de faire sortir le bateau de l'hiver, retirer sa bâche, nettoyer la poussière et les coulées vertes, une petite sortie pour se dérouiller la coque et faire chanter le moteur, je me suis assis dans un fauteuil installé en vis-à-vis d'un miroir en pied.
Un pinceau qui passe par là et voici un autoportrait sans esquisse, avec un miroir réduit en proportions.

©Axel Pivet - autoportrait dans le miroir

©Axel Pivet - Iris dans le jardin
Un week-end à Lorient c'est un appel à l'indolence, prendre le temps de ce que l'on veut faire sans contrainte, sans se précipiter, sans être tenu de regarder sa montre à chaque instant (d'ailleurs je n'en porte plus une fois descendu de la voiture).
Le regard se perd dans la contemplation ; on ne regarde rien de précis, juste se laisser aller, se faire bercer par la respiration lente des arbres d'un jour sans vent, goûter son café. Même le thème le plus naïf devient sujet à peindre car en effet tout est bon pour justifier de ne pas bouger, le temps de finir le croquis. C'est comme ça qu'on arrive presque en courant à la messe...

©Axel Pivet - Au petit déjeuner au Roz

©Axel Pivet - Messe de la Pentecôte
Cette joyeuse indolence est communicative même en dehors du cadre de la maison, il suffit pour cela de s'installer au bord de l'eau pour se faire gagner par cette torpeur du plaisir de goûter l'instant.

©Axel Pivet - A Keroman depuis la crêperie PC La Base

©Axel Pivet - A bord de Pistache sur le Blavet
Plaisir de goûter l'instant, ce pourrait être la devise de chaque sortie en mer, surtout quand le lendemain il faudra être de retour à Paris : il faut se gorger de ce bonheur simple, l'odeur de l'iode qui monte à vous, le ronronnement du moteur et le gargouillis le long de la coque, autant de sons, autant d'odeurs qui vont avec une promenade en mer et qui participent à ce simple bien-être.

©Axel Pivet - A bord de Pistache
Pistache se dérouille, retrouve avec plaisir les longues foulées en remontant le Blavet, taille dans la vague, galope ses 5 noeuds après avoir passé près de 9 mois attaché à son ponton. L'eau qui court sous sa coque contribue à lui nettoyer les oeuvres vives qu'un long hiver avait encrassé.
Et moi je retrouve le plaisir d'être à bord, de le contempler, brave compagnon marin. Ce sera bref mais déjà suffisant pour se donner l'énergie des derniers mois avant la rupture estivale quand enfin il sera possible de sortir chaque jour en mer.

©Axel Pivet - Pistache au ponton de Kerhervi

©Axel Pivet - Penn Ar Roz
Dans le jardin le jeu des lumières est jeu de charmes, qu'elles soient douces ou éblouissantes, pâles ou nettes. Peindre la façade nécessite parfois de se protéger les yeux si la maison se fait reflet blanc d'une lumière crue.
Au matin au contraire le calme ambiant contribue à une sensation cotonneuse que ne vient pas troubler la moindre ride de vent. Les contours sont imprécis, la nuance entre le ciel et l'eau tient à la fusion des éléments. La vallée au loin n'est qu'un horizon en silhouette.

©Axel Pivet - Vue sur le Scorff 
Sortons avant de devoir reprendre la route et revenir dans le quotidien. Les Courreaux de Groix, entre la côte de Larmor et l'île de Groix, sont un terrain de jeu d'un côté pour les professionnels de la mer et parmi eux désormais les skippers et équipages de course au large, et de l'autre pour tous les amateurs de mer. Depuis la plage c'est un ballet, coupé à intervalle régulier par le courrier qui traverse.
Eclat des voiles sous le soleil surtout un dimanche de régate quand les spinnakers sont de sortie. La mer est paisible, respirant doucement à marée descendante, mais fraiche à ne pas mettre un doigt de pied dans l'eau. Pourtant des baigneurs sont déjà là, ou encore là pour ceux qui ont pris l'habitude de nager toute l'année.

©Axel Pivet - A Larmor Plage
Le week-end se termine, il faut reprendre la route et revenir à Paris mais les yeux chargés de cette vue, l'esprit encore balancé par le roulis de Pistache, le nez plein de ces saveurs marines, et attendre de revenir.




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