D'ordinaire il n'y a dans mes carnets que des croquis réalisés sur le vif, mais entre deux sorties quand l'envie de dessiner se fait forte, quand le besoin de s'exercer chatouille mes doigts, je travaille aussi sur un carnet d'exercice d'après mémoire ou d'après photo.
Grâce à la classification des articles de ce blog, on peut voir que les publications sur le thème de la mer ou sur l'environnement marin sont les plus nombreuses, signe évident d'un attachement fort de a part.
Mais un marin ne va pas en mer pour la mer, plus souvent par amour de tout ce qui permet d'aller en mer, que le bateau soit une simple barcasse ou un formidable navire.
Il n'est pas de marin qui ne puisse rester hypnotisé face à l'étrave d'un cargo, face à la ligne d'une frégate, face à la grâce d'un voilier.
Alors naturellement dans mes carnets naviguent des croquis de bateaux et parce que j'ai déjà fait beaucoup de voiliers à commencer par le mien, ce sont des unités de la Marine nationale que l'on retrouve en ce moment. Oh par forcément des navires les plus récents, un attachement à la Marine telle qu'elle existait dans ma jeunesse, celle qui tapissait les murs de ma chambre, celle qui remplissait les ouvrages de ma bibliothèque, me motivant au contraire à dessiner des bateaux qui pour certains sont désarmés, certains sont même déconstruits (on ne démolit pas un navire, on le déconstruit, c'est plus élégant).
La Marine d'hier a finalement son charme tout comme celle d'avant hier, à la voile et dans la fureur de la poudre et du fracas des canons, qui orne les murs des bureaux d'état-major ou des musées.
Alors je la croque, je m'entraine à retrouver ces lignes que la recherche de furtivité a renvoyé aux placards de l'histoire. Finis les bastingages auxquels s'appuyer en rêvant le regard plongé dans l'horizon sans obstacle ; finis ces ponts sur lesquels déambuler pour passer d'un bout à l'autre du navire sans passer par les coursives. Désormais tout est dissimulé, les hublots sont condamnés, les sabords, occultables, réservés aux aussières ; le dernier endroit d'où voir la mer est la passerelle mais encore faut-il y être habilité.
Dans mes croquis ces anciens bateaux reprennent vie, avec eux le temps révolu où embarquer permettait de voyager, de voir la mer.
Il reste bien des unités qui ressemblent encore à celles qui voguaient il y a peu et qui ont aussi du charme et j'aime par là m'intéresser à ce qui n'est pas en vogue, sous le feu de l'attention collective, tous ces bateaux qui n'attirent pas au premier regard.
Pas assez scientifique pour entrer dans la Marine, c'est par mes dessins que j'arrive aujourd'hui à prendre la mer à bord de ces bateaux qui de tous temps m'ont fasciné.