samedi 21 mai 2016

Voyage pour audiences dans le sud


17.05.2016 Curieux voyage à Aix-en-Provence. Comme souvent le voyageur arrivé avant moi s'est assis à ma place, sans me demander si cela me dérangeait.
La gare d'Aix est située très à l'extérieur de la ville, presque à Marignane quand on regarde une carte, mais la liaison ne prend qu'un petit quart d'heure.
Le tribunal de commerce est installé dans un vieil hôtel du Cours Mirabeau, tout auréolé de son histoire mais tombant véritablement en ruine.
On plaide dans une grande salle dont une partie des moulures a disparu, mangées par le temps, toute dégoulinante de salpêtre et dont les fenêtres ouvrent sur un jardin gagné par un abandon navrant et mélancolique.

Le plaisir de s'installer à l'ombre d'un patio pour travailler avant de reprendre le bus vers la gare, s'étonner de se trouver à ce point au milieu de nulle part avec toutefois une vue magnifique vers la Montagne Sainte Victoire, qu'un filet d'ombrière vient hélas gâcher.
Signalons de pouvoir s'installer dans des box isolés permettant de travailler au calme et en toute discrétion. Idéal quand il faut subir le retard du train et les désordres qui vont de paire.

18.05.2016 Le voyage se poursuit après une halte à Lyon dans un hôtel de gare qui a sans doute connu ses heures de gloire en d'autres temps et semble aujourd'hui bien défraichi. Si la double fenêtre empêche d'entendre les convois ferroviaires nocturnes, l'épaisseur des cloisons donne le sentiment que l'occupant de la chambre voisine va entrer dans la mienne.
Un jour de grève de trains, il ne faut pas hésiter à partir tôt, rejoindre Chambéry à l'heure du laitier en découvrant la vallée avec l'aube.


Plaider à Chambéry offre la possibilité de s'inscrire dans l'histoire quand l'audience se tient au Palais ancien, siège de la cour d'appel. Le tribunal de commerce est relégué dans une annexe moderne dont seule la façade rappelle une architecture classique.
Le bureau des avocats offre une vue sur la Fontaine des Eléphants, monument que je contemple à chacun de mes déplacements avec toujours un même étonnement mêlé d'interrogations. Que font ces quatre éléphants surgissant des faces d'une statue en plein coeur de la capitale de la Savoie ? Hannibal  franchissant les Alpes serait-il célébré ainsi alors qu'il est sans aucun doute passé beaucoup plus au sud ?



Mes séjours à Chambéry sont le plus souvent trop courts pour que je puisse y voir les montagnes, inconvénient d'une ville nichée dans une vallée qui masque elle-même la vue sur son environnement.
Pour une fois que je suis franchement en avance pour prendre le train, il faut se placer en bout de quai  pour avoir une vue plus dégagée, faire abstraction des câbles et autres poteaux qui abîment la perspective et ainsi profiter de cette ouverture sur la Pointe du Nivolet.


Et enfin prendre le train, parcourir la vallée et contourner le lac du Bourget, se laisser aller au vagabondage de la pensée face à ces vues qui se succèdent et qui se laissent capter à la volée comme des flash de lumière.




lundi 16 mai 2016

A Port Royal des Champs




Port Royal des Champs.

Que reste-t-il de cette abbaye qui par ses lumières a attiré tant de monde, célèbres ou plus anonymes, jusqu'à ce que Louis XIV ne prenne quelque ombrage et n'en décide la destruction pure et simple ?


Un vaste lieu d'où émergent quelques ruines, la base de murs si épais pour une superficie qui parait a contrario si étroite, quelques arbres rappelant le verger.
Des pierres mélancoliques qui se racontent encore leur glorieux passé, elles qui ont vu Racine ou Pascal passer devant elles.

Un pigeonnier qui aime se dissimuler derrière des arbres ; un bassin qui rappelle le Grand canal de Versailles, en forme de croix, abbaye oblige.

Toujours débonnaires, un âne et une chèvre paissent tranquillement, se laissant approcher des visiteurs qu'ils regardent blasés.


L'oratoire construit au XIXè siècle semble une construction édifiée vers le ciel comme pour demander pardon de quelque pêché mortel.



La vallée est si encaissée, si loin de tout, qu'aucun bruit parasite n'y pénètre. C'est l'attrait de Port-Royal des Champs aujourd'hui.


lundi 2 mai 2016

Le Carnet Vénitien - Partie 7


26.04.2016. Le réveil sonne si tôt qu’il en est incongru en vacances, mais à 5 heures le motoscafo nous attend pour rejoindre Marco Polo, de l’autre côté de la lagune. Dans la nuit noire nous devinons plus que nous distinguons ici Fondamente Nuove, là Murano, avant qu’à pleine vitesse le bateau ne traverse la lagune vers l’aéroport. De temps à autre le bateau ralenti pour en croiser un ou plusieurs autres, toujours très près car les couloirs de navigations sont étroits et les vagues croisées le font taper dur.


Dernière vue au loin sur Venise à travers les baies vitrées de la salle d’embarquement, le jour se lève à peine.
Dernier regard depuis le ciel quand l’avion tourne pour s’orienter vers le Piémont.


Dans un peu plus d’une heure ce sera le retour à Paris, la grisaille et surtout ses embouteillages quand pendant une semaine nous n’aurons pas croisé une voiture.
Choc du retour…





dimanche 1 mai 2016

Le Carnet Vénitien - Partie 6


25.04.2016. La pluie annoncée pour ce matin joue les arlésiennes, profitons-en pour prendre un petit déjeuner en terrasse Via Garibaldi, en profitant cette fois de la vue sur San Giorgio Maggiore de l’autre côté du bassin. Venise est pavoisée en ce jour de la Saint Marc et nombreux sont ceux qui se promènent qui avec une rose à offrir, qui avec un drapeau de la ville.


La visite de la basilique étant fermée du fait des grands messes célébrées ce jour-là, notamment par le Patriarche de Venise, profitons-en pour déambuler le long du Giardini Riale, le jardin du palais royal qui borde le Bacino San Marco, ombragé par des pins qui lui donnent un air de marina. C’est d’ailleurs un port de plaisance du Yacht Club de Venise.

Sur la place San Marco, les grands mats arborent les drapeaux italien, européen et vénitien, de dimensions telles que toute la vue en est changée.


Le temps de déjeuner dans une trattoria dont les murs sont couverts de bouteilles de vin, à l’ombre du Palais du Patriarche et nous pouvons revenir visiter la basilique.
Attention, même les simples sacs à dos doivent être déposés dans une consigne, sauf ceux des enfants. A Venise les enfants ne sont ni fouillés, ni inspectés et leurs sacs, même plus gros que ceux des adultes, sont tolérés partout.

L’escalier qui grimpe vers la loggia de la basilique et le musée, étroit et escarpé, aux marches démesurées, met dans l’ambiance mais pour quelle vision arrivé en haut ! C’est une vue d’ensemble presque à mi hauteur qui permet d’apprécier à la fois les volumes de la basilique mais aussi ses fresques. Le parcours dans les combles latérales offre un point de vue sur les balcons, si étroits qu’assister à une messe devait être un calvaire.
Quand enfin la nef s’ouvre à la visite, c’est un défilé de touristes qui piétinent pour faire un tour à sens unique jusqu’au tombeau de St Marc. Autant rester profiter de la loge et de la vue sur la place depuis le quadrille, qui n’est qu’une copie, l’original étant à quelques mètres derrière dans le musée. La pluie a vidé la place et la piazzetta.


Quand après un petit tour dans le quartier de San Marco en arrière de la tour de l’horloge nos pas nous ramènent vers la place Saint Marc, celle-ci est couverte de drapeaux agités en tous sens pour célébrer Saint Marc, le patron de la ville. Une foule joyeuse et trépidante qui répond « San Marco » à des appels où l’on semble distinguer des mots comme liberté ou libération.


Dernière promenade le long de la Riva degli Schiavoni avant d’aller prendre le soleil face à une vue superbe sur le Bacino San Marco afin de graver dans nos yeux cette vision unique.




Le séjour touche à sa fin, mais pas le rêve de la Sérénissime…


Le Carnet Vénitien - Partie 5


23.04.2016. Un jour de pluie sur Venise, qui s’ouvre par un orage fameux à faire trembler les murs. Alors que le programme de visite commandait de partir tôt pour éviter l’affluence, autant prendre son temps pour déjeuner au sec en famille.


Entre deux nuages, une percée de ciel bleu incite à sortir en direction de San Marco pour visiter le Palais des Doges, ses salles admirables et ses prisons fameuses. On comprend mieux de l’intérieur les proportions extérieures du bâtiment, qui ressemble à une boîte posée sur une forêt de pilotis. Les loges au premier niveau allègent l’ensemble tandis qu’en hauteur se tiennent les salles monumentales où se succèdent affaires étrangères, législation puis justice.
La grande salle des délibérations en assemblée impressionne par ses dimensions et on imagine le bruit d’une foule réunie en ces lieux, chacun cherchant à faire entendre sa voix dans un tel volume.
La vision du paradis par Le Tintoret laisse quelque peu dubitatif mais il faut admirer l’exploit d’un tel travail pour réaliser une toile sur 25 m, la largeur de la salle.
La visite des prisons offre l’opportunité de traverser le Pont des Soupirs, qui contient deux couloirs parallèles menant vers les cellules que l’on parcours ici en partie basse. Les « Plombs », cellules situées sous les toits, ne se visitent que sur réservation.


Pour changer de style culinaire, déjeuner au Hard Rock Café, juste sous une guitare dédicacée et offerte par les Rolling Stones, amateurs du lieu. La vue s’ouvre sur le Bacino Orseolo, le point de départ du circuit des gondoles depuis Saint Marc, là où le canal fait un curieux coude, les gondoles se bousculent sur l’eau tandis que les touristes en font autant sur le quai dans un étrange ballet sous les rires des gondoliers qui s’interpellent.


Visite ensuite du Palais royal au Musée Correr, pour parcourir les appartements de l’impératrice Sissi, ce qui n’est pas sans rappeler la récente visite de la Hoffburg à Vienne.

Toutes ces visites projettent le voyageur dans le temps, quand Venise était indépendante puis après. La joyeuse période du XVIIIè siècle est ainsi présente dans chaque boutique qui vend des masques.


Sauter ensuite dans un vaporetto de la Linea 2, celle qui marque le moins d’arrêts dans le Grand Canal, pour faire le tour et descendre à Zaterre, gagner rapidement San Trovaso pour admirer l’un des derniers chantiers de gondoles encore en activité.
Quelques pas dans une ruelle si étroite et pourtant le flot de touristes y est continu pour arriver à l’Accademia.


Encore un saut de vaporetto vers l’Arsenal et profiter d’une vue large sur l’entrée majestueuse, flanquée de deux tours, pour évoquer tous les navires qui y furent construits et qui contribuèrent à la réputation et à la renommée de Venise sur toutes les mers alors connues.



L’Histoire et le Présent restent intimement mêlés dans cette ville décidément bien unique…