samedi 26 septembre 2015

Le sentier du littoral


Tout autour de la côte circule et serpente le sentier des douaniers qui en principe permet de faire le tour de toute la Bretagne. En principe car il faut parfois quitter le littoral pour contourner un cours d’eau, une propriété privée.



Mais quel bonheur de cheminer en gardant la mer en ligne de mire, compagne de promenade qui se fait oublier ou au contraire qui hypnotise par la beauté des paysages qu’elle offre.



J’aime emprunter ce chemin, jamais vraiment à nous, si changeant d’un pas sur l’autre, parfois dans une forêt, tantôt dans une lande, ici encore au milieu des fourrés, là au travers d’une nudité rocailleuse.



Chardons ou ajoncs, genêts ou bosquet de ronces, fleurs ou arbres, tout y pousse pour offrir une diversité autour du marcheur dont le regard se perd à l’infini. La mer au même moment se pare de couleurs sans cesse changeantes, émeraude ou grise, outre-mer ou blanche.


Une telle promenade a ceci de plaisant d’inciter à une paisible méditation. Inutile de penser à quoi que ce soit, laissons la mer nous porter où l’esprit voudra bien aller. On peut ainsi marcher des heures sur une plage, sur des rochers, sans se lasser de quoi que ce soit. Inutile de parler, le chant du vent et le murmure de la mer, parfois son grondement, se suffisent à eux-mêmes.


Le chemin passe au creux d’un aven ou le long d’une rivière ? C’est alors le long discours des oiseaux et le bruissement des roseaux et hautes herbes qui assurent l’animation sonore, parfois ponctuée du moteur d’un bateau qui passe là.


Le chemin passe aux abords d’une anse, d’un port ou d’un abri ? C’est alors le ballet des voiliers qui entrent ou sortent, papillons aux ailes blanches ou écrues, parfois couleur de brique comme en fabriquaient les anciens maîtres voiliers.


Dans ce décor la mer s’offre coquette quelques pics colorés, ces perches ou balises, parfois tourelles, qui doivent guider le marin au travers des embûches des récifs qui la font bouillir et où les vagues se brisent sur leur dos. Ce sont autant de tâches sur l’immensité d’un bleu profond, repères visuels pour le promeneur du littoral.



Du Mont St Michel aux rives de la Loire, le sentier fait ce tour majestueux sans s’interrompre, parcours sinueux et si varié qu’on peut le refaire sans déplaisir tant le spectacle est assuré d’être renouvelé de marée en marée.


vendredi 4 septembre 2015

Sortie en mer






























La mer est indissociable de la Bretagne, pas seulement par son paysage qu'elle façonne, mais encore par sa culture dont elle est le gêne premier.


Tout ceux qui ne vivent pas en Bretagne mais qui aiment cette région sont insensiblement mais irrésistiblement attirés par la mer. Sortir en mer, c'est voir la terre autrement, un angle nouveau comme si tout subitement pouvait être redécouvert. Il n'est pas de lieu qui, vu depuis le pont d'un bateau, ressemble à celui que l'on voit depuis la terre.



Pour cette seule vue une sortie en mer se justifie. Sentir la fraicheur de l'eau monter à soi tandis que le vent se fait murmure, chercher l'abri dérisoire de la cabine quand le vent se fait grondement, mais toujours sentir la respiration, lente ou hachée, de la mer qui soulève à son rythme le bateau.


S'abandonner à la rêverie en contemplant cette eau qui défile tandis que file la coque, suivre longuement le vol plané d'un oiseau de mer qui curieux s'approche de ce voilier en quête d'un possible butin à avaler.


Que ce soit entre trois bouées ou d'un bout à l'autre d'une baie, une sortie en mer est toujours un voyage pour qui se laisse porter par le rêve. Voyage comme autrefois les marins bretons pouvaient en faire vers leurs lieux de pêche ou pour transporter leurs marchandises à vendre. Si l'impression n'en est que plus forte à bord d'un vieux gréement, pas besoin de beaucoup d'imagination pour être transporté dans un tel voyage à bord d'un voilier moderne.


Le vent siffle dans les haubans et fait chanter les voiles pendant que l'étrave creuse un sillon que la coque transforme en sillage. Tel un cheval qui hennit, les voiles se rebiffent à l'occasion en claquant avant de se retendre et se gonfler dans le vent. Le bateau se cabre et repart de plus belle, durcissant la barre en grimpant sur la vague qui suit, avant de basculer au sommet et redescendre en glissade sur la joue, dans un ballet qui n'a de fin qu'au virement de bord suivant ou quand les voiles, dans un dernier soubresaut, seront ferlées sur le pont.








mercredi 2 septembre 2015

Menhirs et dolmens


Encore une fois une incroyable après-midi a succédé à une matinée brumeuse ; un temps idéal pour se projeter 6 000 ans en arrière en visitant le site des mégalithes de Locmariaquer. Le Morbihan présente la plus grande concentration de mégalithe en Europe, dolmen et menhir étant indissociablement liés à la Bretagne.
La pierre qui résiste au temps est toujours émouvante, témoin des siècles d’Histoire qu’elle a traversé. Mais se retrouver face à des pierres qui ont été manipulées il y a 6 000 ans sans que l’on ne sache ni par qui, ni comment, ni pourquoi, appelle à l’humilité. Ces pierres en soi sont naturellement étonnantes ; mais la distance qui sépare les gisements possibles en fonction de la nature des roches, à laquelle s’ajoute les obstacles à franchir, notamment maritimes, laisse pantois. Les archéologues font des expériences pour reconstituer les moyens de déplacement, chaque idée étant battue en brèche par la complexité de l’opération.


Locmariaquer propose sur un même site resserré trois monuments impressionnants dont le grand menhir brisé qui, avant sa chute, était le plus grand menhir connu du haut de ses 21 mètres.
Brisé sans doute par un séisme, sa base s’est allongée d’un côté tandis que le reste, brisé en trois morceaux, est tombé de l’autre. Se dire qu’intact il représente une masse de 300 tonnes, et qu’il a franchi plus de 10 kilomètres à vol d’oiseau avant d’être redressé ici, rend vaine toute parole, le silence se suffit devant lui.


L’exploit technique de sa présence est à la hauteur de ce monument. L’énigme qui l’entoure quant à sa finalité, son sens, dépasse ce que l’on peut imaginer. Se trouver face à un château ou une vieille bâtisse incite à écouter les pierres sur ce qu’elles ont vécu, ce qui s’est déroulé entre leurs murs, à imaginer une histoire. Mais avec ces mégalithes, c’est presque le vide de l’ignorance qui se dévoile, abysses vertigineuses face auxquelles on reste immobile, à essayer d’entendre ce que ces pierres ont à nous dire mais qu’elles nous disent dans une langue que nous ne parvenons pas à comprendre, summum de frustration.
A Locmariaquer, c’est le gigantisme qui prime, mais promenez-vous à Carnac et alors vous serez surpris par les tailles si variées, du plus petit au colossal.
Ces alignements finalement n’ont aucune rigueur, la ligne n’est pas droite mais ondulée, les pierres ne sont pas rangées par ordre de taille, dans un vaste capharnaüm. Ce désordre apparent contribue au mystère des mégalithes, au plaisir que le voyageur peut avoir en les parcourant.



Et on trouve n’importe où, dans un champ comme au bord de la plage que les nageurs négligent et ne voient plus…